petit billet par Éric Houser

Les Incitations

07 nov.
2012

petit billet par Éric Houser

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Il est deux heures du matin, mercredi 7 novembre et je suis encore tout à la joie de la nouvelle du prix Médicis décerné à Emmanuelle Pireyre pour Féerie générale (éditions de l’Olivier, cf. http://www.sitaudis.fr/Parutions/feerie-generale-d-emmanuelle-pireyre.php). J’en suis ravi, pour elle mais aussi, disons en général, pour l’écriture et pour celles et ceux qui la font. Quelque part, le boulot bien fait paye. Excusez-moi d’être aussi vulgaire, c’est un cri du cœur aussi. J’ai lu tous les papiers qui sont tombés, sur le livre d’E.P. : la même dépêche AFP, sauf La Croix, qui s’est fendue (si je puis dire) d’un peu de développement et quelques citations. C’est bien, ça. Mieux que de s’étonner de ce qu’un tel prix ait été donné à une totale inconnue, comme je l’ai lu quelque part (quelle idiotie, quand on réfléchit 5 mn, d’écrire une telle chose…). Je dis boulot, parce qu’il ne faudrait pas oublier quand même qu’écrire, c’est du boulot. Mais quand un Beurard-Valdoye, une Giraudon, un Beck, une Quintane, un Cadiot, une Niedecker, un…, une… (arrêtez-moi !) écrivent, ils bossent ! Ça veut dire quoi ? Ils n’arrêtent pas, ils ne pensent qu’à ça, ils lisent, tout, ils se cultivent dans tous les champs, ils se documentent, ils rêvent, ils mangent, ils fument, ils marchent etc. Bref, le boulot, quoi. Et je dis ça aussi pour tous les petits malins qui s’imaginent que l’écriture, ça se trouve sous le sabot d’un cheval. Les vrais écrivains, ce sont des saints, ce sont des bien-aimés (coucou Liliane) et des bien-aimants. Ils donnent de leur personne. Ils pratiquent, sans le savoir parfois (souvent), une sorte de religion bizarre, en creusant leur singularité ils atteignent paradoxalement à une communauté invisible, qui inclut tous les lecteurs (réels et virtuels) de ce qu’ils font. Et les poètes, suréminemment. Ce sont les anges dont notre époque débile (pas que débile certes, mais par certains côtés débilissime) a plus que jamais besoin. Ce qu’exprime d’ailleurs parfaitement Emmanuelle Pireyre, quand elle dit « je viens de la poésie, et inventer des formes ne me fait pas peur ». Elle en vient, elle y reste aussi (comme les plus grands – je songe à Cadiot), dans un moment de la littérature où l’on ne s’offusque plus (ou si peu) du transgenre. Alors, bravo, bravi, brava. Et Pierre, sers-moi donc une dernière coupe de Champagne.