Sur les salons du livre en général et celui de Mouans-Sartoux en particulier par Christian Arthaud

Les Incitations

28 oct.
2006

Sur les salons du livre en général et celui de Mouans-Sartoux en particulier par Christian Arthaud

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... ces salons me posent un problème que j'arrive enfin à
formuler (je ne m'étais jamais vraiment arrêté sur la question) : quels sont
les écrivains, ceux qui comptent, ceux qui "font" la littérature
d'aujourd'hui et de demain, qui viennent dans ces salons ? Aucun. Il y avait
bien Kadaré paraît-il mais je ne l'ai pas croisé (invisible ?). Quels sont ceux qui
pourraient venir ? Updike, Kundera, Le Clézio : non. (je cherche des "grands"
noms, des nobélisables, des internationaux, des célébrités présentables
quoi, des "globe writers")
Et s'ils venaient, de toute façon, comment les reconnaîtrait-on, parmi
tous les faiseurs qui constituent la masse des pondeurs de textes, vrais,
faux, occasionnels, opportunistes, sincères, peu importe ? Car en fait il
s'agit de producteurs de bouquins, c'est tout ce qu'on peut avancer;
l'industrie du livre, de la grande distribution à la petite édition, du
journalisme politique à l'artisan typographe, est le seul domaine sur lequel un salon peut s'appuyer.
On ne parlera pas d'esthétique, mais de communication, l'enjeu commercial étant le seul moteur,
support, critère et signe distinctif tout à la fois : mais quant à dire qu'il s'agit
de littérature, c'est une autre affaire, on le sait depuis longtemps, depuis toujours (!),
mais là ça saute aux yeux d'une manière assez violente. On voulait de l'art, on a
une économie, et ces salons sont des salles de ventes, des échoppes, et
l'ambition qui les anime est des plus communes : la vente au détail. C'est
l'esprit de boutiquier qui triomphe. La bosse du petit commerce. Comparaison
d'espaces, jalousies sur les surfaces, pointage du chiffre d'affaires,
calcul des marges nettes.
Mais je ne devrais pas critiquer ces événements dits "culturels" qui occupent
le bon peuple pendant ses loisirs dominicaux, car ce que propose
Mouans-Sartoux est tout de même attractif
(de vrais bouquinistes, de vrais éditeurs, de vrais auteurs, dans le lot)
et j'ai l'impression que ce salon est le moins pire dans le genre, pour bien des raisons ...