Aujourd'hui demain de Dominique Meens par Véronique Vassiliou

Les Parutions

23 févr.
2008

Aujourd'hui demain de Dominique Meens par Véronique Vassiliou

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Appel à contestation









« Quand je ne serai plus contesté, je ne serai plus important » Gustave Courbet







Aujourd'hui, pour parler d'Aujourd'hui demain, j'ai envie de vous parler de Courbet qui « pour trouver et affirmer sa place dans l'art français, [... ] se confronta au genre suprême qu'était la peinture d'histoire au milieu du siècle et à son expression matérielle la plus absolue, le grand format. » (Gustave Courbet, album de l'exposition. L'œuvre de Courbet et sa critique en image par Laurence des Cars et Dominique de Font-Réauls).

D'un glissement latéral et hasardeux (genre virage en chasse-neige), je transpose la proposition en littérature, en prenant le risque de penser que la contestation est aujourd'hui nécessaire pour que demain, certains livres continuent de vivre car « s'il exagère, demain aujourd'hui, c'est qu'aujourd'hui n'en a strictement rien à foutre de ce bouquin qu'il est en petit trot d'écrire, que cela déplaise ou non ! ».

Même si je constate que l'acclamation généralisée est plutôt le signe contemporain de la reconnaissance et que, pour que contestation il y ait, il faut que lecture, analyse, puis courage aient eu lieu. Aujourd'hui, et je n'en sais rien pour demain, on préfère le genre surface sans support... Et dès qu'il y a profondeur, la crainte de la noyade entraîne le silence prudent.

On ne se confronte donc guère. On se serrerait les coudes, plutôt. Mauvais signe pour la poésie ?

Que me reste-t-il à faire, alors, pour parler de ce roman français grand format et de Matisse Andreas Gomez, frère de Roberto BolaÒo, lui-même frère de Dominique Meens ? A noter au passage que la famille de ce dernier est peuplée de gens bizarres, Wolman, Lacan, Shakespeare, Victor Hugo, Mallarmé («le vierge, le vivace et le bel « aujourd'hui je dors »), Aristote, une certaine Gisèle, Sainte-Cécile, etc.

Surtout donc, ne pas l'encenser.

Mais dire malgré tout que je l'ai lu d'un trait, et que son rythme a su me captiver. Au sens propre, je ralentissais et m'essoufflais en cadence, je dérivais, reprenais le cours, dérivais à nouveau, courais, tournais, virevoltais, m'arrêtais contemplative :

je ne lui vois qu'une aile à la fois c'est que je dois le cadrer de trop près
alb
cicatrice lumineuse avec la mer par-dessous le ciel sans dessus
atros


comme on suit un discours érudit - mais pas vraiment - ; comme on lit un roman - mais pas vraiment - ; comme on lit de la poésie - mais pas vraiment.

Je n'ai rien compris à l'histoire (il y est question de roman, d'oiseaux, de poésie, de psychanalyse) ni même aux personnages. C'était inutile. Il suffisait de se laisser porter et de danser en rythme musclé, tendu, subtil, jamais mou ou atone. Et parvenue au bout - de la danse -, j'ai soupiré d'aise, en chœur :

Le jour approche à son tour, il voudrait poser sur lui l'aile d'un moineau, lui coller sur la bouche un envol de pigeons énergiques, une éclosion de tulipes.
Quelque chose, un soupir ? cueilli, soulevé par un tourbillon rêche, disparaît.


J'appelle donc à contester Meens car j'en suis incapable.
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