De l'air d'Antoine …maz par Jacques Demarcq

Les Parutions

04 mars
2007

De l'air d'Antoine …maz par Jacques Demarcq

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Ma conception de l'écriture est diamétralement opposée à celle d'Antoine …maz. Dans la vieille (voire défunte) tradition avant-gardiste, je vise à ce qu'un poème soit un cube (ou tout autre volume) d'action verbale (sonore, visuelle, etc.) Lui est un méditatif. Qui réagit à son quotidien : nouvelles du monde extérieur, vie domestique, pensées intimes. L'attitude est modeste. Le résultat peut être détonnant. K.-O. (Inventaire-invention, 2004) est ce que j'ai lu de meilleur (en poésie française) sur le 11-septembre. Son écriture est d'autant plus efficace qu'elle se tient au plus près du concret et que les strates de la perception (intérieure, extérieure) s'interpénètrent. Exemple :

une odeur de bœuf-mode / et la cocotte en fonte doufeu / rouge lourde
bazar de souvenirs / ils montent comme des bulles / dans l'eau qui stagne
on avance à chaque coup de perche / il y a ce bruit de vase de colle / et le clapot de la barque / sur l'eau verte
on avance où en ce dimanche / déboîté dans le temps


Preuve que la retenue est parfois fort expressive. Comme Guillevic l'avait démontré, jadis. Et aussi Cummings, avec des moyens diamétralement opposés. Je préfère nettement cela, en tout cas, aux bricolages verbeux de nombre de petits « monstres » (dixit Quintane) de papier.
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