Définition en cours de Jean-Charles Depaule par Jean-Marc Baillieu

Les Parutions

07 juil.
2013

Définition en cours de Jean-Charles Depaule par Jean-Marc Baillieu

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Un livre qui vaut un détour plus qu’estival parce que profondément ancré, varié et jamais pesant, même si l’entrée en matière ne va pas forcément de soi (c’est le propre d’une singularité affirmée mais non égocentrique). Définition (en cours) : « il s’agit de la façon dont les corps, les vues et les sons », le temps (qu’il fait et qui passe) sont perçus et rendus, ici en mots, singulièrement en vers, agencés diversement au fil du livre (aller au bout des lignes ou pas, et jusqu’où et comment, est l’une des questions-réponses de cet ouvrage, la définition est en cours). Polysémique, la définition a aussi à voir avec un certain nombre de lignes (plus ou moins haute définition d’une image) et les quatre séquences du livre en proposent des agencements qui diffèrent : (trente-trois poèmes de) quatre distiques télégraphiques ponctués de barres obliques, (dix poèmes dédiés avec titres de) deux pages juxtaposant des strophes de deux à dix vers, (vingt-trois pages de) quatrains avec un mot ici ou là justifié à droite, enfin (un poème de huit pages formé de) strophes majoritairement longues (huit à vingt vers)… Cette variété ne nuit pas au propos, répond  au titre qui, en couverture, surplombe une superbe image (non créditée) dont la mise au point est hésitante. Pas de majuscule sauf pour les noms propres (lieux, artistes qui situent) et avec quelques exceptions (galliéni, afrique, golgotha), des miniatures, des mises en scènes courtes, des notes de lecture, des bribes de souvenirs, pas de mots rares ni trop savants, quelques chiffres (notamment pour définir le temps qui passe et allusion au sudoku), des mots-outils réduits à un strict minimum, ponctuation itou, pour une tension maximale, frappante, lecteur marqué par l’empreinte de ces strophes concises, souvent cinglantes, sans poudre aux yeux. Un rendu de captures d’images diversement définies où « paroles et gestes, paysages et personnes de rencontre se succèdent ». En écho personnel, la lecture d’A travers le mur, livre merveilleux de J-C Depaule –avec la collaboration de J-L Arnaud- (éd. du Centre Pompidou, 1985), à propos de moucharabiehs, riche ouvrage (iconographie, montage, glossaire, réflexions et citations) qui mériterait réédition.

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