MOSSA de Patrick Beurard-Valdoye.

Les Parutions

22 déc.
2002

MOSSA de Patrick Beurard-Valdoye.

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Il faut s'effacer devant ce livre voLUMINEUX, tâcher de ne pas faire le malin avec le seul objectif qu'il soit lu par le public, bien au-delà des pairs, qu'il mérite.
Alors dire simplement quels sont les obstacles qui, outre l'épaisseur du livre, pourraient rebuter des lecteurs pressés :

- des mots anciens, patois ou néologismes beurardiens pleins d'humour ou qui, très compréhensibles, vont plus vite que la langue (ils droitfoncent ) émaillent parfois le texte.
- la ponctuation, n'obéissant pas aux critères habituels, est réduite aux données immédiates du souffle.
- des recensions peuvent surprendre, quelques litanies de noms de lieux, de cours d'eau ou de couleurs d'objets et d'objets de couleurs.

Hormis cela, nous allons le démontrer par quelques extraits, « Mossa » est un livre beaucoup plus accessible que « Finnegan's wake ». Et sans doute aussi important.

SI TU CONSID»RES qu'il y a nécessité de labourer que le Macheret a vu six hommes attelés à la charrue substitués aux bêtes et la tirer, tu te demandes si les femmes vont dorénavant prendre forme et place des hommes pendus car seules la chapelle et les femmes furent de la réchappe
(p. 57)

consigne était d'éviter l'appellation camp de concentration usitée par le Ministère de l'Intérieur dès 1920
ne pas effrayer l'opinion

(p. 93)

les deux allemandes depuis le bar des ailes virent leur époux prendre place dans le Cap 10 décoller survoler l'aérodrome trouant l'Himmel, elles contemplèrent le premier looping enchaîné de boucle tonneau vol dos vrille gamme d'acrobates à la quatrième : l'aile droite se détache
... (p.171)

l'on y planta une croix de France de bois modèle courant
y érigea un monument vers lequel se destina une procession grandiose (petits chanteurs à la croix de bois)

... (p.216)

les femmes guettent de pied ferme la paye avant qu'elle ne soit disséminée sur le champ mais la ruse d'un buveur l'emporte sa femme fulmine demain ne boira pas (au voisin qui cafte) si bien que le buveur après café verse la goutte dans son quart sous l'œil de la femme qui n'y voyant goutte, ne saisit pas comment l'on peut s'astiquer en buvant du café
(p. 269)

AU MATIN LES GENDARMES canistrasiens : On vous arrête, passent en outre chercher le Clément bleus de partout défoncé méconnaissable alité les gendarmes au poste central : intransportable
(p. 307)

quand les architectes se rendent sur place quelques heures les poètes prennent des notes deux semaines durant pour s'imprégner du même lieu, est-ce la raison pour laquelle les villes ne sollicitent pas les poètes, de crainte qu'ils ne fassent œuvre de la vérité, est-ce la raison pour laquelle l'échevin Goffinet propose aux poètes de résider à l'auberge de jeunesse et aux frais des artistes
(p. 353)
La note 16 qui suit précise (souvent savoureuses, elles ont une importance énorme dans ce livre) : « Mon,sieur le Bourgmestre dites bien à vos échevin et conseiller à la culture que les poètes dans l'exercice de leur fonction ne logent pas à l'auberge de jeunesse, ni les architectes d'ailleurs.»

Amusant, le Verlaine, sitôt à la descente à quai : méchante veste colorée, cravate mal torchée, et un grand mouchoir rouge en main enveloppant le manusse de la conférence.
(p. 434)

C'EST DU NORD-OUEST SANS CRIER GARE que survint le flux dans la nuit du 18 novembre un raz-de-marée tel que la digue du gardien au flanc gauche de la Meuse grandcraqua, que la digue du rêveur fut submergée que la digue du dormeur fut submergée noyant dans l'épouvante 72 villages, métamort-métamorphosant pour une vraie éternité les prairies vertes en bois de jonc baigné de bleu
(p. 572)
Le commentaire de sitaudis.fr Patrick Beurard-Valdoye
éd. Al Dante
596 p.
27 €
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