Nanjing's writings, II. par François Couret

Les Poèmes et Fictions, poésie contemporaine

Nanjing's writings, II. par François Couret

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« Il y'a dans le même pays plusieurs mondes véritablement ».(André Dhôtel)
«Le poète arrête les abandons a priori du journaliste en lui.» (Philippe Beck)


C'est Ponge qui parlait écrivait dans le « Le cycle des saisons » que « l'on ne sort pas des arbres par des moyens d'arbres » la question est de savoir aujourd'hui si l'on peut sortir de Ponge par des moyens de Ponge l'arborescence étant je l'ai déjà dis déjà écrit informatisée numérisée googlisée aussi relisant Théophile Gauthier
(« En Chine » dans un beau livre introuvable intitulé « Caprices et Zigzags ») :

« L'idée de ce voyage par catégorie nous eût autrefois contrarié il nous eût plu de parcourir le monde en pèlerin solitaire, à pied ou à cheval, au hasard des chemins et des auberges ; mais les grandes inventions scientifiques modernes ont cela de remarquable qu'elles poussent à la vie commune malgré les mœurs et les répugnances politiques. »

Ceci écrit à propos des chemins de fer au 19 ème siècle en Chine (mon Orange désormais qui ne présente que le seul défaut d'être un peu trop à la mode en ce moment ) mais cela n'est t-il pas applicable à la machinerie actuelle (Super Computer autoroute de la surinformation ?) détruisant littéralement toutes formes d'intimité et de distanciation critique par l'effet de vitesse qu'elle provoque
(avec cette idée saugrenue que la machine «c'est plus fort que toi » ?)

Aussi

Pour m'en sortir j'ai pensé que je pouvais me rabattre sur le lao sheu Prigent ne disait-il pas n'écrivait-il pas dans un petit texte la « Leçon de Chinois » en 1977 :

« Dedans y a de l'athée horrible et des fesses réelles de la terrorie et d'leffet rebelle de la théorie et des fraises airelles de l'athéotic et de la prairie d la tactique et du prix dlapprêt et du fric du chien et sa chine d'la Chine et du chié ».

Voici un beau prétexte (c'est le cas de le dire c'est le cas de l'écrire) un beau point d'origine

Aussi

L'informatique pour moi c'est du chinois.

La lecture en roulement -déroulement comme la peinture de paysage en rouleau

Les yeux zigzaguent pensée zappée vite trop vite ne lisent pas mais visionnent les signes les concepts les idées (prises sous tous leurs supports possibles et imaginables : écrits oral audio vidéos)

Oui tout cela est bien constitutif d' un ensemble rouage d'une horlogerie inévitable dans laquelle nous ne pouvons que nous infiltrer (un peu comme le Charlot des Temps Modernes ce grain de sable indémodable) puisque que comme nous le savons tous tout ceci est « générationnel » donc c'est bien la contrainte actuellement de vivre sous le signe d'une « Littérature de l'épuisement » qui ne peut que faire sens et tout change à partir du moment où l'on comprend qu'il s'agit là d'un jeu voire d'une comédie (familiale sociale politique) et qu'il nous incombe ou non d'y participer importe peu car seul compte finalement l'exercice de Création (récréatif) et de Production (de plaisirs des sens et de jouissances intellectuelles ce qui revient au même en fin de compte ).

Retour au pays donc et évidemment le rythme n'est plus le même et après coup on ne peut que se dire que c'était une expérience enrichissante que ce séjour: hallucinante même (comme découvrir l'Eldorado) miraculeuse même (on dit alors Révélation au secours Claudel revient !) et impensable (comme soulever un non-dit ou découvrir une vérité cachée) et semblable parallèle l'expérience tâtonnante difficile et douloureuse d'écriture de ce texte même et forcément avec le rythme d'écriture qui reprend un peu de sa normalité hors étrangeté on écrit droit on marche droit on pense droit et c'est ce que je recherche finalement après des années de réitération permanente et qui me manque : une certaine rigueur dans la pensée et la volonté d'y mettre de l'ordre loin de tout sentiment de peur ou de panique et surtout de considération nostalgique.
(mais de quelle Rigueur s'agit-il vraiment ?Celle que nous propose la France étouffante actuelle? J'en doute hélas)

Avec cette idée un peu absurde en arrière fond que seul un « Je » (qu'exacerbe un narcissisme aux allures d'infini - néo- romantisme précaire- et que renforce une pensée sportive mondialisée relativement discutable quand à ses fins réelles) peut être capable de traduire la mosaïque des paginations- vitrines-miroirs sans véritables liens que peut créer ce nouveau livre- catalogue qu'est Internet questionnant et devant questionner le Littéraire pour qu'il évite de confondre deux écritures deux entretiens bien différents (grosso modo « émoticons » et émotions.)

(mais la question est trop vaste et surtout trop actuelle -c'est d'ailleurs ce totalitarisme du présent de « l'époque » qu'on nous inflige ce « les temps ont changé » faisant loi maintenant qui demeure le plus insupportable- donc le recul étant impossible je me tourne sur une citation de Mallarmé à lire et à méditer :

« L'explication orphique de la Terre, qui est le seul devoir du poète et le jeu littéraire par excellence : car le rythme même du livre alors impersonnel et vivant, jusque dans sa pagination, se juxtapose aux équations de ce rêve ou Ode. » (Lettre à Paul Verlaine)).

Aussi

Je n'évoquerai plus que les souvenirs désormais comme Hélène Cixous

«J'aimerai écrire en français à cause d'une hirondelle. J'aimerai écrire une phrase libre.» :

Pages-vitrines de Nankin ( « Mes pensées sont mes catins », Diderot) et comme le déroulement est vif sur XiQiao je vais chercher le calme plus loin et je rentre doucement quelques promeneurs ivres et joueurs de Mah-Jong hirsutes et braillards rentrent et sortent de chez ces coiffeuses de nuits camouflage des plus incertains car ici la prostitution fait rage univers de néons roses et glauques avec parfois quelques tables de billards verts sortis là en pleine rue (sans doute pour exciter le passant et l'inciter à jouer) mais le plus intéressant est sans doute la combinaison avec l'odeur de viandes grillées et de brochettes adjacentes toujours dans le déroulement de la bicyclette le fumet gagne l'ensemble du quartier et je parviens cette fois-ci à l'angle de Guloxincun où le spectacle continue avec en arrière fond le tu mettrais l'univers entier dans une ruelle bien évidemment mais les travaux incessants les chantiers qui s'étendent tout au long des marchands de zhàcài et de guÛp?n me hèlent pour me demander quelques RMB je transporte attaché derrière moi une petite valise assez laide il faut le dire achetée la veille chez un escroc de Hunan Lu j'y ai mis toutes sortes de choses petits bracelets montres garanties à vie cassées au bout de dix jours bagues aux couleurs pigmentées de points noirs comme font coccinelles papiers surtout papiers de toutes sortes ornementés des insignes de chaque université de la ville Nanjing Normal University Nanjing Art Institute Wenzhou Medical College livres de méthodes dessins pour enfants jeux de cartes papiers administratifs divers vieux billets d'avions photocopies des Grammaires Progressives du Français en pagaille surtout les chapitres « Présent » « Imparfait »
« Subjonctif présent » surtout (le « Il faut que » est un grand « Must » c'est le cas de le dire c'est le cas de l'écrire ) DVD dernier cri et de toutes sortes classiques films d'actions chinois (la philosophie est aussi un sport de combat) l'intégrale de Hitchcock de Kurosawa de Tarantino surtout beaucoup de films français langue ligne unique sans ambigüité entre Chine et Amérique seule digne d'être enseignée et diffusée (et je ne suis guère nationaliste et cette justification même est immonde) quelques tours de magies pour épater la galerie et faire le malin un Fumaroli pour conserver l'esprit diplomatique l'herbier verbal à l'usage des écrivants et des lisants de Volkovitch l'éloge de la fadeur de François Jullien La Lettre sur les aveugles et comme on peut fumer sans arrière pensées en Chine des paquets de Hong Tai Shan par dizaine offerts par des étudiantes bien attentionnées des boites à gogo en métal ornées de dragons bœufs et serpents compas doré représentant les soixante quatre combinaisons du tao offert par un ami chinois philosophe (qui déteste la pluie et grand buveur de Baidju devant l'eternel) des copies d'élèves - trop ?- studieux et méthodiques carnets et trousses reliés de cuir pinceaux et crayons cahiers et encres pour travailler à la calligraphie mon seul domaine de poésie mon seul remède désormais pour ne pas trop sombrer dans la pesanteur bureaucratique et économique: le bien écrire versus l'abject.