Pierre Chappuis (1930-2020) par Tristan Hordé

Les Célébrations

Pierre Chappuis (1930-2020) par Tristan Hordé

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Pierre Chappuis, décédé le 22 décembre 2020, a publié plusieurs livres de poèmes en Suisse (La Dogana, Empreintes, La Bâconnière), dont le premier en 1969 (Ma femme, ô mon tombeau), mais l’essentiel de son œuvre — poèmes en vers et en prose, essais — a paru aux éditions Corti à partir de 1990. Le dernier, Battre le briquet (2018), après d’autres ensembles de réflexions sur l’écriture, esquisse une poétique. Deux études anciennes parues chez Seghers (Poètes d’aujourd’hui), Michel Leiris (1973) et André du Bouchet (1979) ont également été rassemblées en 2003 par les éditions Corti. On lira sur leur site la reprise d’hommages à ce poète discret, dont un texte de Marion Graf (responsable de la revue de belles-lettres), extrait du Journal de Genève, 14 mars 1992 :

Le dynamisme du regard et l’invention formelle, la liberté de ses textes qui progressent en toute rigueur, sans   hermétisme, de manière plutôt à engager la participation du lecteur, distinguent la démarche du poète.
La conscience de l’écart entre le réel et le langage vécu et surmonté différemment de livre en livre, marque d’une empreinte profonde et visible la manière poétique de Pierre Chappuis, en cela héritier de Leiris, Pierre Reverdy et André du Bouchet.

Ajoutons un court extrait de son dernier livre,  Battre le briquet, précédé de Ligatures, (Corti, 2018, p. 109) :

Refus, au bout du compte, d’une œuvre bouclée sur elle-même, bien qu’aboutie, je veux dire achevée, arrêtée. Elle n’a choix que de rester ouverte, aérée de l’intérieur, ayant rassemblé tant bien que mal des débris, à moins qu’il faille voir là des semis, œuvre alors non pas en ruine, mais en germe. De là, avers et revers, un double aspect, qu’on se désole d’un état inabouti, incomplet ou qu’au contraire, faute de mieux, on se réjouisse de morceaux liés à distance et (comme partout en somme où tout semble étroitement chevillé) sujets à divers parcours, à des associations inattendues venant sans déguiser mais sans rien de forcé faire écho au travail d’élaboration lui-même.