ALLER  À  BOULDER (L7) par Jean-Marc Baillieu

Les Incitations

27 avril
2020

ALLER  À  BOULDER (L7) par Jean-Marc Baillieu

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Les Lundis d’un confinement (7)


« Au début des années quatre-vingt, mon bon maître Hubert Lucot m’incita à lire (ce fut un bonheur) de William Makepeace Thackeray La Foire aux vanités, roman sans héros1848 qui m’entraîna vers Histoire de Pendennis1850 dont le héros est le fameux major Pendennis que je retrouvai incidemment évoqué « prenant au club son petit déjeuner » par Henry James dans l’éblouissant Les Ambassadeurs lors d’une relecture récente. Relire a cette vertu, que mentalement dégagé de l’obligation de suivre le fil d’un récit pour le comprendre, puisque peu ou prou connu, on peut prendre le temps de lire « entre les lignes » et relever (s’attacher à) certains détails qui, à première lecture, peuvent échapper puisque nous sommes concentrés sur l’essentiel, savoir le fil de l’histoire afin de la circonvenir, ce qui n’est pas un luxe concernant H.J., maître entre autres dans « l’art de surseoir ». Pendennis donc, et H. Lucot1935-2017 qui, ayant appris plus tard que je lisais la biographie d’Henry James par Leon Edel, s’informa de savoir si H.J. avait pu à Paname rencontrer Marcel Proust. »

C’est non, même si le second a pu lire le premier. A ce sujet consulter éventuellement M. Jean-Yves Tadié, et rappelons qu’étatsunien de naissance1843(mort de F. Hölderlin né il y a 250 ans), imprégné de culture européenne, Henry James protesta en 1915 contre la neutralité « américaine » au début de la première guerre mondiale en demandant la nationalité britannique qu’il obtint avant de s’éteindre à Londres/London un an plus tard. Paix à son âme ! Lui survécut trois ans Mrs Ritchie1837, Anna Isabella, dite Annie, fille de W.M. Thackeray, auteur d’une Madame de Sévigné dans lequel H.J. avait relevé « l’idée d’une situation » (mise au couvent à cinq ans de Marie-Blanche de Grignan1670-1735 par sa mère avec l’assentiment de la Sévigné, sa grand-mère) qu’il n’exploita finalement pas, même si vainement il y revint (cf. ses Carnets, éd. A. Duperray, Gallimard / Folio, 2016). Ajoutons, à propos du destin des enfants projeté par leurs géniteurs, qu’en cette fin victorienne du XIXème, Mr. & Mrs. Ritchie se proposaient d’élever leur fille en vue d’être écrivain, et leur ami romancier Anthony Trollope de même avec son fils. Mais est-ce mieux que le couvent à cinq ans ? De tout temps, enfants jouets des parents !

« En 1983, me fut une déflagration durable la lecture de Le ciel pas d’angle de Dominique Fourcade, un exemplaire offert par l’éditeur Paul Otchakovsky-Laurens me recevant en son bureau sur jardin au 26 rue Jacob (Paris VIème) pour me rendre en main propre et avec commentaire verbal un manuscrit qu’il avait, me dit-il gentiment, hésité à publier. L’art et la manière, vous dis-je. Paix à son âme ! »

Alors finalement Boulder, où m’invitait un enseignant de creative writing ? Aller à Boulder pour repartir à zéro, « boul’ à z’héros » ? Une fin en soi ? Ou une fin de vie : Fin de vie à Boulder ?

Pas terrible ! Dé-con-fi-nez moi ça!

Bol d’air…

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Nota : FIN des Lundis d’un confinement