Journée à thème. Thème de jour par Éric Houser

Les Incitations

05 avril
2015

Journée à thème. Thème de jour par Éric Houser

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Martin Luther King Jr

Pour les chrétiens Pâques est comme on sait la fête de la résurrection. Ce dimanche passé (5 avril 2015) était une journée à thème : le thème résurrection. La semaine d’avant on a les palmes, pour les Rameaux. Le 5 avril il y avait en décalage les palmes des Rameaux des orthodoxes (parlé à la sortie d’une église à des Ukrainiens porteurs de palmes). Donc le calendrier n’est pas tout à fait le même, parfois ça coïncide parfois non. Est-ce important ? Je suppose que non. Les frères séparés aiment bien maintenir des calendriers propres, pour marquer une distance. Alors la résurrection, qu’est-ce à dire ? N’étant pas théologien je ne peux rien écrire de réflexif ni de profond sur le thème. Alors quoi ? Qu’est-ce que ça vous fait à vous la résurrection ? Comment ça vous affecte (si ça vous affecte) ? Il faudrait un Godard pour mettre des images neuves, là-dessus. L’iconographie est riche déjà, mais au cinéma je ne sais pas. Il y a Ordet (Dreyer, 1955 – j’avais moins un an). Les larmes chaque fois, revoyant la scène, lorsque la morte se relève de son cercueil. Il y a la peinture. Oui mais... qu’est-ce que c’est que ça, la résurrection ? Vous y croyez vous à la résurrection ? Vous osez ? (silence dans l’assistance - un ange passe). Je dirais, pour ma part, que ce mot peine à se maintenir dans le vocabulaire, dans les paroles communes. Trop connoté, trop de dogme, trop d’église ? Oui, difficile à exporter, les droits de douane sont trop élevés. Je préfère : vie. Pâques, la fête de la vie. « La vie pétillante », a dit James Woody (temple de l’Oratoire)Prenons-le au mot. Pétillant, ante : qui pétille (« L’eau dégageait quelques bulles (...) – Elle est plus pétillante que ça quand elle sort de la source », Jules Romains) ; qui brille d’un vif éclat (Avoir l’œil pétillant. Regard pétillant de malice). À l’entrée « pétiller » quelques citations : « L’on entendait vaguement pétiller des coups de fusil comme des grains de sel que l’on jetterait au feu » (Théophile Gautier) ; « Il pétille d’impatience de voir arriver le jour de ses noces » (Furetière) ; « Le soleil pétillait et donnait je ne sais quoi de pur à l’air »« Le désir et l’impatience qui pétillaient dans tous les traits de cette jolie personne » (Balzac). Pas mal comme florilège. L’important, ce n’est pas d’établir la réalité matérielle d’un « événement » tel que la résurrection de Jésus, comme il nous est transmis dans des écrits canoniques, forcément tributaires de contextes de réception variables, renouvelés. Événement dont on ne sait pas grand-chose. L’important, je crois, c’est ce que cela nous dit, en creux. Cela concerne la vie, si la vie est l’opposé de la mort (ce n’est pas si simple bien sûr). La vie l’emporte, c’est cela le pointIl faut le croire, sur parole. Si on ne le croit pas, c’est qu’on est déjà mort, et c’est trop bête. Quand Martin Luther King Jr a été assassiné à Memphis, le 4 avril 1968 (il y a 47 ans), bien sûr qu’on l’a réellement tué, un ségrégationniste blanc l’a bel et bien liquidé depuis le balcon de son motel. Le militant des droits civiques le savait, qu’il mourrait comme ça. Qui se souvient de ce blanc-là ? Mais qui se souvient que peu après les funérailles, et après encore d’autres morts au cours d’importantes émeutes, la ville de Memphis avait finalement négocié la fin de la grève des éboueurs (qui avait motivé l’intervention de Martin Luther King Jr), d’une manière favorable à ces derniers.C’est bien sûr de cela qu’il faut se souvenir. Quant à la vie, il n’y a pas de petite victoire. La vie, thème de jour.