LETTRE OUVERTE A TOUS POUR VOUS REMERCIER par Jean-Marie Gleize

Les Incitations

06 juin
2009

LETTRE OUVERTE A TOUS POUR VOUS REMERCIER par Jean-Marie Gleize

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Chers collègues,
Chers étudiants et élèves,
Chers doctorants,
Chers enseignants-chercheurs et chercheurs associés ou rattachés à notre Centre d'Etudes Poétiques,
Chers amis et artistes, poètes, écrivains, ayant participé à notre travail tout au long de ces dix années,

Je vous écris ces lignes pour vous dire que je cesse dès la fin de cette année universitaire de diriger le Centre d'Etudes Poétiques.

J'ai été amené à prendre cette décision, qui m'est évidemment douloureuse, parce que j'ai été l'objet, de la part de la Direction de l'Ecole, d'une très précise mise en garde de nature explicitement politique :
- d'une part j'aurais ( ?) manqué à mon devoir en ne soutenant pas personnellement les projets du Directeur en faveur de notre Ecole (Collegium, Fusion des ENS) ; je n'ai en effet pas cru devoir m'exprimer publiquement sur ces deux sujets qui ne relèvent pas directement du laboratoire que je dirigeais.
- d'autre part j'ai inscrit (de fait) les activités du Centre d'Etudes Poétiques (séminaires, conférences, journées d'étude) dans le cadre de la protestation nationale des personnels de l'Enseignement supérieur contre les « réformes » qui nous sont imposées. Je confirme ici ma (notre) participation à ce mouvement.

Ces accusations, par deux fois prononcées, ont entraîné logiquement deux conséquences pratiques :

-d'une part la cessation de toute communication entre la Direction de l'Ecole et le Directeur du CEP (tous les messages du CEP vers le Directeur de l'Ecole restent sans réponse).
- d'autre part la confirmation d'une mesure de restriction budgétaire. Nous avions demandé qu'à l'extension continue du CEP (en terme de groupes de recherche spécifiques et de chercheurs demandant à être rattachés) corresponde une réévaluation de son budget. Cela n'a pas été accepté et la situation antérieure (périlleuse) a été prorogée : soutien généreux au coup par coup. J'ai donc été informé que tout soutien au CEP était désormais suspendu en raison des « fautes » dont je me suis rendu coupable.

Il me faut donc, si je souhaite que le CEP obtienne dans l'avenir les moyens de poursuivre sa tâche, renoncer à le diriger, et confier sa direction à Eric Dayre, Professeur de Littérature comparée.
Je ne peux en effet diriger un laboratoire en n'ayant plus la confiance du Directeur, en ayant cessé d'être considéré comme un interlocuteur compétent et responsable, et en privant, par ma présence même, le laboratoire de toute possibilité de financement.

Comme vous le savez tous, j'ai durant ces dix années, tenté de faire de ce Centre d'Etudes Poétiques une des cartes d'identité de notre Ecole, en France et à l'étranger. J'ai obtenu le concours de nombreux créateurs et chercheurs de haut niveau. J'ai, autant que possible, accompagné l'émergence de jeunes créateurs qui se sont affirmés depuis, ainsi que de jeunes chercheurs qui se sont donnés passionnément à la tâche de faire connaître, comprendre et aimer la poésie et l'art contemporains. J'ajoute que nous avons veillé à ce que ce lieu de recherche et de création soit également autant que possible un lieu de vie fraternelle et démocratique.

Je remercie donc très chaleureusement toutes celles et tous ceux qui ont participé à cette aventure, et qui nous ont accordé leur confiance et leur soutien.

Je serai présent l'année prochaine en tant qu'enseignant-chercheur membre du CEP pour réaliser le programme que nous avons prévu, dans les limites de ce que seront nos moyens. Je me retirerai ensuite définitivement à la rentrée 2010. J'espère avoir servi cette Ecole, à laquelle vous savez que je suis très attaché.

Je souhaite évidemment que le CEP, sur les bases nouvelles qui seront définies par la Direction et par Eric Dayre, puisse retrouver sa juste place au sein de l'Ecole.