POUR JEAN-FRANÇOIS MEYER par Julien Blaine

Les Incitations

15 févr.
2021

POUR JEAN-FRANÇOIS MEYER par Julien Blaine

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Moi,

et je ne suis pas le seul,

une ribambelle d’artistes et de poètes

ne peuvent pas imaginer Marseille sans Jean-François Meyer…

Déjà difficile,

Impossible  d’imaginer cette ville sans sa galerie rue Fort Notre Dame

et pourtant !

Impossible d’imaginer ce port sans son festival Poésie- Marseille qui sillonnait les galeries, les musées, les librairies  et les lieux historiques de nos rencontres comme les bars et les restaurants du Vieux-Port sur les 3 rives

et pourtant !

Impossible de savoir, de croire que Marseille va encore être ça : la ville qui a vu naître Antonin Artaud et mourir Arthur Rimbaud, la ville d’Adolphe Monticelli et de César

Marseille sans Lui !

Après la mort de Jean-Pierre Alis, il y a quelques mois et la disparition de la galerie Athanor

Après la mort de Roger Pailhas, il y a 15 ans déjà, et la fermeture de sa galerie

Après le départ de Jean-François et que ce rideau fut baissé définitivement rue Fort-Notre-Dame

Les artistes de Marseille sont frappés par un deuil épouvantable.

Quels que soient les efforts de la Friche, les enthousiasmes et le dynamisme des autres galeries et associations nous sommes en deuil.

D’autant plus que les musées pour des raisons inconcevables restent clos.

Comme beaucoup d'entre nous, mon travail et mon amitié furent liés, absolument liés à Jean-François chez qui je ne compte plus le nombre de performances (13 à la douzaine) ou d’expositions (au moins autant !) !

Là, les publics se mélangeaient, les jeunes et les vieux, les femmes et les hommes et les autres, les  blêmes et les multicolores, les riches et les clodos, les bourgeois et les prolos et même, en ces temps de guerre des religions, les animistes et les monothéistes…

Là ça vivait, les fêtes suivaient, Ah ! Les buffets de Marina dans la galerie…
Marina qui veillait sur tout et qui a veillé sur lui jusqu’au bout.

L’histoire de cette galerie reste à faire et l’histoire de Jean-François – qui va avec – aussi.

Car cette vie, c’est aussi celle de Poésie-Marseile dont l’histoire, elle aussi, reste à faire…

Dès 2004 Marina et Jean-François s’y sont collés : un vrai festival de poésie avec tous les courants de la poésie contemporaine : les blancs et les classiques, les calmes et les fous, les murmurants et les gueulards, les agités et les immobiles, les textuels et les visuels, les assis et les debouts, les débutants et les expérimentés, les uns et les autres…

Et encore son mensuel Journal-Sous-Officiel qui nous a tenus informés pendant près de 20 ans des activités artistiques et poétiques marseillaises et de notre région, c’est à dire de la planète terre, de ses iles et de ses continents, de ses mers et de ses océans !

Quant à lui ?

Parler d’abord de son amitié, de sa curiosité, de sa culture, de ses connaissances, de son accueil. 

Il s'arrachait soudain à son écran où il avait une partie en cours : échec ou sodoku et il bondissait sur un mot entendu, un nom, un courant, une œuvre, on découvrait alors qu’à ce propos, comme tant d’autres, il en savait, il en connaissait 

et à chaque fois il vous l’offrait.

C’est vrai : tandis qu’il tirait sur sa cigarette nous buvions un whisky, un de plus.

C’était lié à nos conversations…

une façon de parler, de se parler.

J’ai de moins en moins d’amis pour trinquer avec moi, je finirai ma vie sobrement…

Voilà là maintenant je pense très fort à toi, Marina

et à toi aussi Dany et Olivier et à vous toutes&tous ses amies&amis.

et à toi Jean-François.