SE BURINER LE SUINT par Jean-Marc Baillieu

Les Incitations

07 févr.
2020

SE BURINER LE SUINT par Jean-Marc Baillieu

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Se buriner le suint ? « Allez ! Au charbon ! ». Ici ? Au 7 rue Porte-de-Laure, micocoulier en cour intérieure, arènes à l’extérieur ? Théliné : Grecs « à l’origine de l’organisation urbaine initiale d’Arles » (E. Teyssier 2016). Allez ! Hommage…

S.b.l.s. certes « …mais l’histoire. Au fond, qu’est-ce que c’est ? Tout au fond. » J.-L. G. 1998

Vivre (de) sa vie : « Comme si notre vie était à nous. Hélas, à notre disposition. » : citation du même qui conclut : « On peut tout faire, excepté l’histoire de ce que l’on fait. », de ce que l’on fait même, ajoute-t-elle, elle qui fut mUEttE aux aCaCiaS, prolixe chez l’autre Jean-LucTerre de Camargue. Timide à l’hôtel pour notre première fois, délurée en diable pour dîner en ce lieu chic, excessifs éclats de rire en miroir à mes dires attirent discrets regards sur son visage rayonnant de femme/femelle épanouie.

Alors : « Gordon, parler de  films publicitaires me fâche. »

« Et qui est donc sans travail,  mademoiselle ? Il est des temps qui ont trop de mains, et pas assez de cœurs, lorsqu’une époque est malade. » d’après J.-L. G. 1998 qui ajoute : « que la poésie soit d’abord résistance, Ossip Mandelstam évidemment le savait, mais il est d’usage d’ignorer les Russes aujourd’hui ! »

Asseyons-nous un tantinet, à l’indienne ou sur un tabouret (chacun). Il reprend : « Seul le cinéma fatale beauté » sans ajouter que c’est le titre du film à venir, Opus maximum. Pourquoi pas en couleurs, pourquoi pas la couleur ? Car « c’est avec les couleurs du deuil, le noir et le blanc, que la photo se mit à exister », le cinéma aussi parce que plus fiable et moins coûteux. D’abord juste flasher la vie, la saisir, l’arrêter, puis l’imiter jusqu’à vingt-quatre images par seconde, les sons aussi, pas seulement une musique d’accompagnement interprétée pendant que les images passent sur l’écran. Jamais tout à fait la même, aussi talentueux soit le pianiste de séance en séance.

Ce que nous disent les amphores, comment meurent les gladiateurs, l’amphithéâtre ou le cirque de nos vies, les thermes et l’embellissement sous Constantin, la ville de Genès et de Trophime, la nouvelle capitale des Gaules, le conseil des Sept Provinces, les épaves du Rhône, le pont de bateaux qui symbolise la ville. (d’après Eric Teyssier  2016)

Tout cela pour finir au Nord Pinus© ?

Bien après « la mort de Puig » : « … la vie n’a jamais redonné aux films ce qu’elle leur avait volé. » avant : « Et que l’oubli de l’extermination fait partie de l’extermination. » car « …les grands réalisateurs de fiction ont été incapables de contrôler la vengeance de ce qu’ils avaient vingt fois mise en scène. » J.-L. G. 1998

Et du même : « C’est le pauvre cinéma des actualités qui doit laver de tout soupçon le sang et les larmes comme on nettoie le trottoir lorsqu’il est trop tard et que l’armée a déjà tiré sur la foule. », et « c’est dans le dos que la lumière va frapper la nuit. » : « il appartient aux traces d’être souvent inapparentes et elles sont  toujours le legs d’une assignation à peine pressentie. »

Cinéma : « un monde qui raconte » ? « Il nous donne une histoire et nous dit maintenant : crois, non pas accorde à ce récit, à cette histoire la foi qui convient de l’histoire, mais CROIS quoi qu’il advienne ! » J.-L. G. 1998 Mais cinéma est aussi un monde qui sera conte, qui se la raconte : alors à qui sert, à quoi bon se buriner le suint ?

(Crédits : Histoire(s) du cinéma par Jean-Luc Godard, co-éd. Gallimard – Gaumont, 1998 ; Arles la romaine par Eric Teyssier, éd. Alcide, 2016 ; Helmut Lachenmann, CD Mode 252, 2012)