Ici sont les lions de Jean-Roch Siebauer par Jacques Barbaut

Les Parutions

30 avril
2018

Ici sont les lions de Jean-Roch Siebauer par Jacques Barbaut

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Parcourant quelques territoires, ou contrées, pas si ignorés que ça des cartes avec lesquelles l’on joue, où les moines girovaguent, où des évêques de mer font la planche non sans leurs accessoires (mitre et crosse), où l’inconnue de la Seine flotte de conserve avec une sirène, passant « de Paris à Paris par la mer » en compagnie du docteur Faustroll, émergeant en pull rayé par l’œil du « A » de « Atlantique » avant d’être coursé par un troupeau de Manu manu, voyageant autour de sa chambre ou au « Pays de la quatrième dimension », rêvant devant les atlas et s’abîmant dans les portulans, explorant les Terrae incognitae de la carte du Tendre, dérivant sur la Nef des fous, dépendant des vents et des courants, glandant sur la terrasse des Paresseux, à Tanger, avant d’emprunter une nouvelle ligne de fuite, un autre Sur la route, partant « d’un puits à Syène (au fond duquel le soleil se mirait) » pour rejoindre « un gnomon dressé à Alexandrie », lissant le Livre des sables et méditant avec L’homme qui rit, croisant quelque serpent de mer, aucune licorne, deux aïs, un varan de Komodo et une série de baleines volumineuses sur lesquelles ancrer, arpentant la Chine et le château d’If (« l’île des possibles »), visitant les Wunderkammern en compagnie de Rodolphe II, calquant les « lignes d’erre » des enfants de Deligny qui gribouillent et s’emberlificotent, débordant du verre de Debord qui sort de son lit, bâtissant une fortune colossale grâce à la récolte du guano (la fiente des oiseaux des mers) sur l’île Clipperton, retrouvant quelque énergie grâce à la promenade dominicale à la morgue municipale…, Jean-Roch Siebauer — mobilis in mobile —, sous une robe exquise signée Olaus Magnus, tentant tantôt la diagonale, tantôt les zig-zags, s’est bricolé une cabine accueillant sa collection de curiosités, a combiné un traité de psycho-géographie – sous-titré « manuel de navigation aléatoire » –, un essai d’oniro-cartographie, un carnet de voyages orientés : « parce que s’orienter signifie que l’on vise l’Orient (que l’on va vers l’est, qu’on y tend, vers les rêves, le beau, les mystères, vers l’inconnu, le Prêtre Jehan, les lions qui n’y sont pas, les monts derrière lesquels naissent scorpions et éléphants) ».

 

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