La reposée du solitaire, de Jean-Pascal Dubost par Christophe Stolowicki

Les Parutions

26 sept.
2023

La reposée du solitaire, de Jean-Pascal Dubost par Christophe Stolowicki

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La reposée du solitaire, de Jean-Pascal Dubost

 

Le livre de prime abord très sympathique d’un grand solitaire vivant en forêt de Brocéliande parmi les merles enchanteurs, les cerfs, chevreuils et sangliers, dans sa forêt de livres. De démarche très consensuelle parmi les écrivains récents et poètes contemporains dont nombreux sont cités comme ses frères & sœurs (Pierre Rottenberg, Ted Hughes, Pascal Quignard, Paul Zumthor, Valérie Rouzeau, Jean-Christophe Bailly, Philippe Beck, Denise Levertov, Pierre Vinclair entre beaucoup d’autres), prenant référence en exergue de Georges Bataille qui relève (exceptionnellement consensuel lui aussi) la « négation par interdits de l’animalité de l’homme ». Fier de mener une vie sauvage à l’instar des prédateurs (de phrases) et des proies (de mots). Furieux contre ceux qui abattent par pans entiers l’enchantement sylvestre de leurs scies électriques.

 

De plus un livre très instructif, nous plongeant sporadiquement dans un français « renaissant ou moyenâgeux » en le retrait de son requoy (de même étymologie que requiem), dans sa reposée, sa salvagine, ne se lassant jamais de scroller – en retour de l’anglais qui nous l’a emprunté, dérouler, faire défiler les informations sur son écran d’ordinateur.

 

Fort de son « énergie spirituelle ».

 

Dans son confort poétique la poésie se traîne. Poétisant à tour de bras la poésie se meurt. Lautréamont au chant V de Maldoror décrivant le vol des étourneaux préfigure l’éthologie, Jean-Pascal Dubost a pris sur lui un siècle et demi de retard. Pour Denis Roche, la poésie est inadmissible, Jean-Pascal Dubost est lauréat à tous ses concours. L’homme, celui qui détruit la forêt, demande un effort de connaissance dans son surnombre, notre auteur se garde de tout effort dangereux.

 

Que l’éthologie, connaissance de la vie sauvage, y fasse reconnaître en quelques cent mille ans la même atténuation, d’agression en instigation amoureuse, que l’étymologie en quelques siècles, de géhenne en gêne, n’effleure pas Jean-Pascal Dubost.

 

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