les indications pour le corps de Mathilde Girard par Christophe Stolowicki

Les Parutions

29 oct.
2023

les indications pour le corps de Mathilde Girard par Christophe Stolowicki

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les indications pour le corps de Mathilde Girard

Mathilde Girard, née en 1979. Psychanalyste à même l’écorce le bitume en quête de résilience est sa vertu première. « Vous connaissez Pat patrouille ? C’est un film sur la résilience des chiens. »

 

Poète à étiage de non-aimance mais non à même sa qualité seconde. « Je voudrais dire des choses simples mais je n’y arrive pas. »

 

Elle ne prend pas aux tripes mais à la pensée. À la pensée qui vaille que vaille tripaille, trip aille en bon franglais.

 

Développant je ne sais plus parler de Rimbaud comme personne à ma connaissance depuis un siècle et demi. Ce qui paraissait excéder toute intelligence relevant de l’intelligence. La Critique de la raison pure renfoncée dans son trou de souris.

 

« Vous observez le langage, c’est toujours du second degré. Vous voyez qu’il ne faut pas être sincère. On vous dit : ne te dévoile pas, ne te mets pas à poil, cache ton jeu. » Juste après Rimbaud, c’est Nietzche arborant un nouveau masque qui est décliné au féminin. Lacunes de la pensée comblées. Les lèvres de la pensée décollées poème.

 

Le titre Les indications pour le corps annonce un classique de la psychanalyse. Dès qu’on a lu trois pages on comprend qu’il s’agit du corps de la poète, avant tout d’un travail sur soi.

 

Ce livre en cache une multitude d’autres. Mais elle a su sortir un film : Que quelque chose vienne (2023).

 

« Il n’y a pas de pathologie, il n’y a que la littérature. » Bon, elle me rassure, retourne à des pistes déjà frayées. Cinquante mille Michel Onfray tombent dans un trou de souris.

 

Réflexion que l’écriture lui serait facilitée si elle souffrait d’un quelconque « problème avec le sexe [entraînant] des complexes, des névroses, des maux de tête, des conduites irrationnelles, des phobies peut-être, mais aucun problème de langage ». J’ai vérifié : tout du long l’humour reste sous-jacent, comprimé, en globules ou en plaquettes, bref thérapeutique.

 

Je ne m’attarderai pas sur tous les avatars formels en grand écart sur lesquels rebondit ce grand petit livre, des trains de brèves numérotées que le retrait du point final a désignées comme vers mais dont une dernière développe parfois son aporétique cul-de-sac en péroraison retournée sur son erre, au dialogue, aux proses s’affichant proses entre rêve et réveil, rêverie et éveil, et au récit de psychanalyste confrontée à l’insoutenable, le soutenant sur deux générations.    

 

J’ai préféré prêter à Mathilde Girard. J’y retrouve cent fois ma mise, même si j’ai lu Rimbaud et Nietzsche où elle a connu Artaud, Becket.

 

Une autrice est née.

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