René Fallet. Journal de 5 à 7 par Michaël Moretti

Les Parutions

17 déc.
2021

René Fallet. Journal de 5 à 7 par Michaël Moretti

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René Fallet. Journal de 5 à 7

 

Le journal qu’il nous Fallet

 

      J’étais tombé sur Paris au mois d’août de l’excellent Granier-Deferre avec Aznavour à la place de Trintignant. Par ricochet, je lis le roman éponyme de René Fallet, prix Interallié qu’il briguait depuis un bail : brillant. À la bibliothèque, je tombe - en français, on tombe tellement que l’explication de la gravitation aurait dû être française - par hasard sur son Journal de 5 à 7. Une perle. N’offrez pas le dernier Goncourt, le moins bon roman de son auteur, mais ce Journal !

 

      « Ce Journal, hormis quelques lueurs, est si con qu’il en est parfaitement impubliable. » (p. 273). Peu de publications actuelles offrent de telles lueurs, précipitez-vous ! Le vélo, dont les drolatiques Boucles de la Besbre, la pêche au rang d’art, l’amour des animaux comme Léautaud, à chaque page encensé, Stendhal, Dostoïevski, Hemingway, la poésie, Rimbaud, un anti-Claudel (« Claudel est un con. ») - qui s’en inspira également -, Baudelaire, Blondin, cette envie d’échapper à l’étiquette « populiste » qui l’horripile, un Georges Brassens intime, un antigaullisme réjouissant avec cette saillie de Jean Yanne sur la gaulo Joséphine Baker - « Elle a commencé dans la banane, elle a fini dans le régime. » -, une nostalgie du vieux Paris (Baltard où es-tu ?), un mal-être et une insatisfaction essentielle, la dépression après la mort de la mère et la fin des courtes histoires d’amour, dont Corinne Marchand de Cléo de 5 à 7 de Varda, la solitude, la course derrière l’argent pour survivre grâce aux adaptations cinématographiques, des jeux de mots impayables, etc.

 

Enfin un journal passionnant et réjouissant sous le soleil noir. Un compagnon de vie. Du bois pour l’hiver. Un style sec et percutant, toujours juste.

 

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