Retour au Japon de Jean-François Bory par Jean-Marc Baillieu

Les Parutions

12 sept.
2017

Retour au Japon de Jean-François Bory par Jean-Marc Baillieu

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Le critique appelé à écrire un article à propos d’un livre pourrait se demander s’il pense relire celui-ci à plus ou moins longue échéance. Ce pourrait même être un critère de sélection critique : n’écrire qu’à propos des livres qui amèneront à relecture probable, non écartée l’erreur d’appréciation. Et, suite à relecture, le critique, confortant ou révisant son premier avis, pourra être enclin à un second papier, d’autant que, réédition(s) aidant, l’auteur critiqué peut avoir modifié peu ou prou son ouvrage, voire l’avoir augmenté. A réédition, on lit parfois : « augmenté de tel texte », rarement « diminué de telles pages »… Ce laïus pour écrire combien est appréciée la réédition de cet ouvrage de J-F Bory qui avait fait date, comme le prouvent les critiques parues pour les première (Fête de la lettre éd., 1996) et deuxième édition (Al Dante, 2004), ainsi que les références à celles-ci dans nombre d’anthologies qui retiennent notre auteur, un poète dont le parcours, balisé par des livres non monocordes (et des prestations en public jamais fades), se révèle au fil des ans comme une œuvre des plus marquantes, voire des plus séminales depuis la mi-XXème siècle. J-F Bory n’est pas obnibulé par son ego, nul narcissisme complaisamment étalé, ostentatoire n’entache ses livres, il est attentif aux autres (cf. ses critiques dans CCP, les collections qu’il dirigea dont Les Plumes du temps chez H. Veyrier, les revues qu’il anima et anime,…) et à l’Autre (ici la langue et la culture du Japon), à preuve, si besoin en était, l’augmentation à laquelle donne lieu cette réédition : une passionnante « petite suite explicative » (de près de 30 pages) sur « le principal poète japonais d’avant-garde », Kitasano Katué (Kitazono Katsue) qui, effectivement, éclaire d’un jour nouveau ce Retour au Japon formé de « calligrammes et fragments de journal intime », cette fois judicieusement illustré en couverture par le tori (portail) rouge du « sanctuaire du silence » sis derrière la villa Kujoyama à Kyoto, résidence connue de nombreux poètes français. Franchir ce seuil ne décevra pas le lecteur, la lectrice impétrant(e) ou aguerri(e). Comme le disait feu Hubert Lucot (qui cette année, hélas, ne nous a pas donné de nouvelles de sa villégiature estivale de Soulac-sur-Mer…) à propos des livres qu’il appréciait : « à lire, relire, offrir », ici sans aucune réserve.

 

 

 

 

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