Ma palmeraie par Éric Houser

Les Poèmes et Fictions, poésie contemporaine

Ma palmeraie par Éric Houser

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nous étions dans le hall comme deux biscuits imbibés de thé

l'autre jour à la philharmonie c'était le 12 septembre
il y a deux semaines le s‰chsische staatskapelle dresden bisse
avec le prélude de l'acte 3 de lohengrin assez galvanisant
puis un tonnerre comme on dit d'applaudissements de là où on est
on voit très bien le chef christian thielemann
un grand type avec une drôle de coupe de cheveux
évoquant soit coupe au bol soit moumoute
les cheveux tressautent par plaques retenus de s'envoler par ce corps
à la fois long et épais il paraît qu'il n'est pas aimé en france
alors qu'adulé en allemagne
des goûts et des couleurs
moi je le trouve super entraînant
on dirait qu'il conduit une voiture de course
il y a toute une parade amoureuse dans ses gestes
parfois d'un escrimeur postures déhanchements mimiques
rhétorique d'oeil et de bouche c'est plutôt réussi dans la gestique
plutôt comique aussi qu'est-ce que les français lui reprochent
je crois que c'est son enthousiasme qu'ils jugent peut-être obscène
ici on aime la retenue le sourire en coin le côté pincé pincette
une froideur chaîne de puits un héritage flaubertien rougir d'émotion
c'est pour les filles se déboîter contrapposto idem et au fond la
musique n'est pas tellement notre tasse de thé

il fait encore très beau ciel pastel sans nuage
j'essaie de chanter en m'accompagnant au piano benjamin britten
ô waly waly ces accords graves d'harmonica plutôt dans le sombre
mais ma voix ne suit pas i leaned my back up against some oak
thinking that he was a trusty tree but first he bended and then he broke
and so did my false love to me
que l'amour soit toujours menteur c'est une vérité d'expérience
mais au fond c'est plutôt réjouissant
la vérité avec un grand v
c'est trop collant à la fin