Sitaudis critiqué.

Les Incitations

10 avril
2003

Sitaudis critiqué.

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Presque simultanément, Sitaudis est critiqué par Nicolas Tardy dans le dernier numéro de "CCP" (la revue du cipM) et par Jean-Pierre Balpe dans celui d'"Action Poétique".
Il ne s'agit pas ici de répondre à des jugements de goût tout aussi légitimes que les nôtres mais d'interroger l'environnement éthique de ces textes ; ainsi, on ne peut s'empêcher de remarquer des convergences qui ne relèvent pas de la seule contiguïté temporelle, convergences sans doute normales pour des gens appartenant à une même mouvance idéologique (Tardy s'est vu confier un numéro de cette revue) mais peut-être significatives.
Chez l'un comme chez l'autre en effet, on retrouve un même goût pour l'investigation suspicieuse (notre site a bien bénéficié de l'aide du C.N.L., des crédits techniques de 40 000 F, l'information est vérifiable) et un même rejet des "Citations", "la moins intéressante...un peu fourre-tout" pour l'un (qui emploie deux fois ce terme comme s'il n'avait pas remarqué qu'il avait affaire à un...taudis!), "côté tape à l'oeil d'étalage de culture" pour l'autre. On laissera à chacun le soin d'interpréter ces similitudes...
Ces deux textes semblent animés par une même rancune mais, plus mal dissimulée chez Tardy malgré la ruse de ses procédés, elle l'amène à conclure par une contre-vérité manifeste : "on reste ici dans des histoires de famille où (sic!) tout membre extérieur se sent exclu." Outre qu'ici Nicolas n'"étale" pas une grande maîtrise de la syntaxe élémentaire du français (mais ça tape à l'œil quand même), les résultats mesurés de notre audience (plus de 10 000 pages vues par mois en mars 2003) et les nombreuses réactions ou propositions de lecteurs ignorant tout du milieu de la poésie contemporaine, invalident cette affirmation qui relève davantage du vœu (non pieux)!
En revanche, (et pour cause car il en abuse aussi), Tardy ne nous reproche pas "la contestation parfois facile" ni n'avance à l'instar de son camarade, à propos de la liste de ceux qu'on ne trouvera pas dans ce taudis, "ce genre de provocations a bien vieilli et perdu beaucoup de sa force surtout que de nos jours avec des affirmations de ce genre on ne risque rien ce qui n'était pas alors le cas" : ce qu'il faut bien appeler un lieu commun du sottisier contemporain, constitue la partie la plus intéressante de l'article de Jean-Pierre Balpe, elle a motivé à elle seule notre réaction. De tous côtés en effet, on entend des gens expliquer que tout a changé aujourd'hui, que les pauvres ne sont plus de vrais pauvres, qu'ils sont tous alcooliques, qu'ils sont organisés en réseaux-escrocs et ne méritent ni aide ni compassion... de la même façon, les puissants seraient désormais à l'abri de collectifs anonymes et, conglomérés, ils seraient devenus sinon indulgents du moins totalement indifférents à la critique, à l'invective, à toute subversion ; définitivement sereins ; ou même collectionneurs, passés maîtres dans l'art de la "récupération".
Mais il faut dire bien haut que rien n'est plus faux que ce que tout le monde répète d'un même air convaincu! Dans l'espace pourtant policé du livre, ce qui est arrivé et arrive encore à Pierre Jourde et à son éditeur, (isolés et traités de poujadistes, ils ont évité de justesse le procès mais pas les menaces) témoigne des risques pris par ceux qui s'obstinent à ne pas trouver "remarquables" les productions du réseau Sollers/ Savigneau, par ceux qui considèrent, texte à l'appui, que Christine Angot n'est pas un écrivain. Et dans le microcosme de la poésie, s'il est vrai que l'on n'écrit plus guère de sonnets aujourd'hui, Oronte n'est pas mort, Oronte et ses prétentions, Oronte et sa demande inextinguible de reconnaissance, Oronte a aujourd'hui fait des petits dans toutes les couches de la société : ces "poètes" réclament toujours plus de jugements sincères sur leurs productions artistiques mais lorsque ceux-ci tombent, ils se vengent de bien des façons, aujourd'hui Oronte et Trissotin finissent plaideurs virtuels.
Le commentaire de sitaudis.fr On les a bien cherchées...quoi? Les critiques.