L'Hiver, le 24 janvier 1743 de Hisashi Okuyama par Jean-Marc Baillieu

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18 févr.
2009

L'Hiver, le 24 janvier 1743 de Hisashi Okuyama par Jean-Marc Baillieu

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« SE RETIRE »



    Le cinabre de quatre dessins pleine page de Jean-Pierre Schneider passe comme un souffle en harmonie avec les vingt-quatre pages de ce poème, écho d'un poète (japonais) à un poète (allemand). Résonne chez Okuyama Hisashi l'un des « hivers » écrit par le second Hölderlin (qui vécut retiré dans une tour à Tübingen de 1806 à sa mort en 1843), celui de huit vers antidaté du 4 janvier 1743, et signé « avec humilité » par Scardanelli comme ce livre d'Okuyama Hisashi (né le 4 janvier 1943). Aspects naturels prégnants de l'archipel nippon, cratères volcaniques, forêts, et écume marine marquent « l'âme japonaise » tout comme le cycle des saisons, à tel point qu' « En chantant une fleur ou la lune, la pensée ne s'arrête pas à la fleur, ni à la lune » (Saigyô). Le poète est à sa fenêtre, dans le Nord de l'archipel, là où l'hiver n'est pas un vain mot : « la blancheur » étendue, puis « le bleu » du ciel (dont Hölderlin évoque dans son poème le regain après le jour de l'An) structurent un paysage « d'avant/naître » qui accroche le regard rendu en mots : des fleurs (hortensia, asphodèle, cinéraire), un oiseau qui va et vient, « un ramassement de gris », un peu de « violine », le tout en « oscillations », « cillements », « sussurements »... Sont également captés « avec lenteur et ruines » un lambeau, une échancrure, une teinte, un timbre,... Car « la main posa un / marque neige / la main qui ne chiffrait qu'une vie / antérieure / sur le livre des saisons ». Dès lors, « entre cris et neiges », « rien // ne m'arrivera », si tant est que, oui la mer se retire, et le poète aussi, parfois.

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