CONVERSATION DE FIN D'APRÈS-MIDI APRÈS TROIS ANS D'EXIL de Matilde Campilho par Marie Borel

Les Poèmes et Fictions, poésie contemporaine

CONVERSATION DE FIN D'APRÈS-MIDI APRÈS TROIS ANS D'EXIL de Matilde Campilho par Marie Borel

  • Partager sur Facebook

 

Traduction française de

CONVERSA DE FIM DE TARDE DEPOIS DE TRÊS ANOS NO EXÍLIO

(texte original écrit et dit par l'auteur)

 

Les serveurs empilent les chaises
tu me regardes et me demandes de
parler S'il Te Plaît Parle N'écris Pas
moi évitant le mauvais contact des aiguilles
de la montre qui annonce la déjà célèbre fuite
de nos corps chacun vers son propre
point dans la ville - si notre amour était
revolver je serais la gâchette et toi le viseur
comme le disait la professeur Sofia Jones
terrible est l’existence de deux droites
parallèles parce qu'elles ne se croisent jamais
et se rencontrent seulement à l'infini
la vérité est que la question de l'infini
ne nous a jamais intéressés mais le reste
des idées mathématiques oui bien sûr
je préfère en fait mille fois
ta tasse de thé qui refroidit sur la table
pendant que tu parles de racines carrées
pendant que tu parles de voleurs de figues
pendant que tu parles du faux pas de la baleine
soudain je ne sais même pas de quoi tu parles
parce que la manière dont ton incisive coupe
et suspend toute la beauté de la cafétéria
me fait comprendre que à nouveau
au septième jour est venue l’heure du coucou
et du chant du coucou
alors je prends mon vélo
et comme d'habitude tu fais mon portrait
cheveux au vent
comme l’enfant qui toujours s’en va
à la même heure  et qui demain si tout va bien
reviendra à la même heure vers le même amour
la même table  la même explosion
sûrement la même fuite
parce que toi et moi sommes faits de matière
glissante, c.à-d. beurre, huile d'olive, confiture
étonnement.