Directeur général et artistique de la Romanfabrik de Francfort depuis 1992, Michael Hohmann (né en 1954) est mort brutalement le 25 décembre 2022. Il a été un militant infatigable des échanges culturels, pas seulement entre l’Allemagne et la France, consacrant sa vie au développement de ce centre culturel associatif hors des normes. Fondé en 1985 par des écrivains, il est pris en charge notamment par la ville de Francfort et Michael Hohmann le dirige à partir de 1992. Parfaitement bilingue, il connaissait autant la littérature française que l’allemande, Apollinaire que les romantiques du Rhin : après des études de philosophie et de langues romanes à Mayence, il a terminé sa formation à Montpellier et Paris, et soutenu une thèse sur l’œuvre d’Alexandre Dumas ; parallèlement il a étudié la flute à partir de 1966 et a joué toute sa vie dans de petites formations. Dès 1993 il a organisé une collecte d’ouvrages pour reconstituer la bibliothèque universitaire de Sarajevo et depuis longtemps il coopérait notamment avec l’Institut franco-allemand, l’Institut Cervantès, le consulat des États-Unis. La musique a également une grande place dans la Romanfabrik, musique classique, mais aussi chansons et jazz.
Pour se limiter à la France, la Romanfabrik a invité de nombreux écrivains, de Jacques Réda à Jacques Roubaud, mais aussi, après la création d’un Café philosophique (en 2010) des universitaires, comme Gérard Raulet (2014), de Paris IV-Sorbonne, pour parler du sens de l’histoire chez Walter Benjamin. Parmi ses travaux, signalons des traductions de nombreux poèmes d’Eric Fried, avec Chantal Tanet, parues dans des revues.
Qui a rencontré Michael Hohmann était très vite séduit par son enthousiasme dès que l’on commençait à évoquer tel poète français ou allemand, tel philosophe de la lignée de l’école de Francfort, tel musicien de jazz, tel interprète de Schubert. Tristesse de la disparition d’un homme pour qui la culture était sans frontières.