DEUX SONNETS DONT UN À L’ENVERS POUR MALLARMÉ par Constantin Kaïtéris

Les Célébrations

DEUX SONNETS DONT UN À L’ENVERS POUR MALLARMÉ par Constantin Kaïtéris

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Salut Stéphane, ici toujours à la poupe,

La gnôle d’Edgard Poe tu la filtres en ton vers

Et Verlaine à l’envers en absinthe à tons verts,

Portant l’hexamètre de ton nom à la coupe.

 

Toi qui avec Nadar pêche encore à la ligne,

La moustache fournie, de trois-quarts par Carjat,

Et le cigare qu’à la main Manet te fixa,

Canotant pour brouiller la place qu’on t’assigne.

 

Dans tes salons trop lourds tu rêvais d’anarchie,

D’une langue échappée à l’usure, affranchie

De la gangue univoque où la prose professe,

 

Quand face aux lycéens tu étais mal armé,

Solitude et récif qu’enseignant tu délaisses

Pour des toasts amicaux aux disciples charmés.

 

                          *      *      *

 

Comme les papiers peints et les rideaux à franges,

Tes harpes, tes mandores et tout ce bazar d’anges,

Tes faunes et tes lys sont aussi périmés,

 

Mais pas l’adresse de facteur aux bouts rimés

Ou les mots mis en jeu qui penchent vers Roussel

Et ceux restés épars du vide paternel.

 

Tu rêvas jusqu’au bout d’un livre sans hasard

Ajustant l’ambigu, privé de narrature,

Un seul pour en ta précise enfin littérature.

Il n’en sera rien qu’un très émouvant brouillard.

 

Tu restes sur le pont sous un azur que troue

Ton dé jeté dans la polyphonie graphique

– La nuit inversée blanche en une phrase unique –

Ivre de sons de sens parmi d’autres à la proue.