À la suite de la lecture-récital ... par Armelle Cloarec

Les Poèmes et Fictions, poésie contemporaine

À la suite de la lecture-récital ... par Armelle Cloarec

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Des mains du pauvre, ongles noirs,

« surtout, ne les touchez pas ! »

dit boulangère.

 

Elle, lange l’air, de sa voix

d’ordinaire flûte et tradition.

À l’oreille

 

et dans mains de tout-petits,

comme pour oiseaux aux fenêtres,

laisse un morceau.

 

Sauf fermeture et jours fériés,

- oiseaux alors dans les arbres et dans les chaumes -

elle, chante :

 

 

«  et avec ça, ce sera tout  ? »

 

 

Etant ce qui est dit, l’intonation est la même,

parmi les voix, dont aucune n’est pareille.

Avec l’âge, toutes changent.

 

Les enfantines se séparent

en genres opposés.

Rossignol n’en a souci.

 

Mains de violoniste, elles, disent :

vie est jusqu’au bout des doigts,

pensée est travail des mains ;

 

enchantent l’âme :

cordes et bois, venu de l’arbre,

dont le chant est aux feuilles.

 

 

Secrète est la musicalité de tout.

 

 

Cantoria de Luca della Robbia 

est-elle aussi au marbre des marelles ?

Aux files en zig-zag des embarquements ?

 

Comme aux marches des Présentations,

sous les pieds de Marie ?

Chant en sourdine est plutôt

 

dans le violon qui attend

et l’or, en fine couche, posé sur l’âme,

pour le mi qui attend ;

 

dans les mains de l’enfant

prodige, par naissance, et tant que dure

le goût de s’élever, comme talons sous les cerisiers.

 

 

Attention : n’empêche pas de tomber la trilogie : vision, oreille interne, proprioception.

 

 

Au tour d’éclisse

comme rond d’osier, s’égoutte

rêve de pauvre, de petit lait caillé.

 

Alors que violon, sous le crin d’un cheval,

chante, l’enfant, à sa leçon,

se voit dans la prairie,

 

sans délais, ni devoirs.

N’en parle à personne,         

sauf au rossignol, qui ignore les deux.

 

Pauvreté et âge courbent le corps

Quand violoniste accorde

le placement et l’allure du sien, au son.

 

 

Corps est élève et élève l’âme.

 

 

Violons de beaupré et poulie à violon :

sur paquebots, sont cordes sur les tables

pour éviter que vaisselle ne tombe.

 

Cependant boulangère lange l’air,

et tranche le 4 céréales

entre les lames de l’acier.

 

Tandis que frappes militaires menacent

cargos de céréales,

« grenier du monde » était déjà menace.

 

Soleil devait porter un voile,

comme vérité.

Ozone est déchiré.

 

 

Soleil pourrait tout anéantir

 

 

De Dieu à Adam,

de l’une vers l’autre, à Sixtine,

étaient mains, qui devaient ne pas se toucher.

 

Le jour où tombe

mosquée de Tinmel

un lien divin, comme Sixtine,

 

est dans mains de violoniste,

dans inventions de poésie,

dans tout cas d’humanité touchée,

 

visage illuminé…

Mais ni lui, ni voix de boulangère,

ne sont pollen ou poème qui dure.

 

 

Où l’on sent la main de Dieu, c’est sans lui.

 

 

Seront encore vengeance :

ouragans,

débordement des mers…

 

quand les Anges de Mozac, d’une main,

ferment la bouche des quatre vents,

qui s’apprêtent à souffler dans une corne.

 

Anges musiciens

en savent le charme et le danger

et leur confisquent.

 

Corne est aussi

celle de l’air

ou des paroles en l’air.

 

 

L’apocalypse est sourde.

 

 

 

 

 

 

Le commentaire de sitaudis.fr

Écrit à la suite d’une rencontre animée par l'autrice, entre Philippe Beck et Tedi Papavrami, à la Maison de la Poésie de Paris, le 16 septembre 2023.