Johan Grzelczyk, C'est tout comme par Frédéric Dumond

Les Parutions

25 mai
2024

Johan Grzelczyk, C'est tout comme par Frédéric Dumond

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Johan Grzelczyk, C'est tout comme

 

Comme un portrait

Ça ne devrait pas avoir de fin, comme une éternité d’écriture. « C’est tout comme » de Johan Grzelczyck demande une étrange lecture, puisque la forme même, à la fois toute en rupture et en continuité, induit de ne pas lâcher le livre avant sa fin actuelle — actuelle comme si dans la logique des « Données du réel », ce livre pouvait avoir plusieurs tomes.
Donc lire en continu, ainsi laisser advenir de « comme… » en « comme… » des fragments de récits/de monde contenus dans chaque occurrence de « comme », rompant par là-même la continuité de la lecture, convoquant ainsi des immensités repliées, portant traces de leur contexte d’origine, modifiant ce qui précède comme ce qui suit.

Il y a quelque chose de vertigineux à ainsi passer d’un univers à l’autre : « comme des biftecks à la gueule des bâtiments / comme des bleus raisins / comme des blocs d’ombre / comme des boîtes de cartouche… »
ou « comme un corps inhabité et commun à tous les désirs / comme un corset d’épines / comme un cou, comme un couteau, comme un couteau infini plongé dans un cou infini »

Simplicité du procédé qui pour autant tresse des complexités, ce qui permet de traverser des mondes, d’en être traversé de vers en vers. À peine quelque chose s’évoque qu’on passe à une toute autre matière de sens, chaque « comme » est ainsi une sorte de condensé d’événements ou de sensations, ce qui arrive peut arriver est arrivé est rêvé est pensé n’est pas pensé est traversé traverse.
   
Grande économie de moyens et d’écriture qui construit là toute la puissance du livre, d’être aussi comme le roman/le poème d’une vie, où de « comme » en « comme » on pourrait bien être de toutes les expériences, de toutes les vies, à force de les vivre de les imaginer de les lire de les regarder d’y assister, d’en faire partie.
Tous les moments de toutes les vies ainsi s’emmêlent, se tissent et deviennent un soi un être, un existant.

« C’est tout comme » pourrait bien dessiner un portrait, un portrait d’humain.e sans condition ou de toutes les conditions, ou de toutes les qualités. À la fois et successivement.

 



 

Le commentaire de sitaudis.fr

Johan Grzelczyk, "C'est tout comme"
Éditions Ni fait ni à faire
350 p.
15 €


 

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