Lumières du corps de Valère Novarina

Les Parutions

15 janv.
2006

Lumières du corps de Valère Novarina

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Qu'un auteur "découvert" par Christian Prigent à l'époque du TXT des grandes irrégularités du langage, qu'un auteur POL se voie aujourd'hui ouvrir toutes grandes les portes de la Comédie Française, pourrait surprendre ceux qui se laissent aveugler par les ruptures sans percevoir les continuités qui les travaillent, ceux qui n'ont pas vu que Novarina vient de Rabelais mais, tout aussi bien, de Bossuet, qu'on en juge dans ce livre-là, par exemple :

Rien de stable ne se saisit.

Cette lumineuse accessibilité à un plus large public, a permis à Novarina de jouer pour ceux qui restent encore ajourd'hui un peu plus dans la marge dont Prigent lui-même, le rôle que joua longtemps Truffaut auprès de Godard et de bien d'autres : "Il nous protège" disait le réalisateur de Pierrot le fou.
Lumières du corps "prolonge et peut-être achève", écrit Jean-Paul Hirsch pour l'éditeur, "le chantier ouvert par Le théâtre des paroles, Pendant la matière , et Devant la parole . Si ce livre donne un tel sentiment d'achèvement, c'est que ces fragments numérotés et regroupés en huit parties sont certes nourris par l'expérience du passage du texte à la représentation, par les réflexions sur le travail des acteurs, sur le plus pascal de tous les arts et toutes les digressions permises depuis l'enseignement jusqu'à Marx, c'est aussi parce qu'il va bien au-delà de tout ça, élaborant une théorie du langage et des attractions et une métaphysique régénérée et radieuse, à l'opposé de celle de Prigent. Une plus proche mise en pièces de l'anthropolâtrie contemporaine. Une relecture de la Bible. Une démolition de l'ontologie par le Souffle, un chant de victoire sur la mort comme le superbe fragment n° 384 :

Nous sommes dévorés par elle mais nous ne sommes pas ses sujets.

Une éthique des acteurs, des "maranes" qui...

...savent rester sourds à la victoire de l'homme - à la toute nouvelle religion qui la proclame, qui la trompette partout. Ils résistent dans la crypte du cœur.
Ce ne sont pas des considérations, inactuelles ou non mais plutôt des sidérations d'outre-temps venues de là, de ce ciel d'en-bas, des constellations de l'humus quand on accepte, humbles, d'y choir :


L'esprit est une donnée de la matière.

Il en découle une responsabilité accrue pour le spectateur et en dehors des planches pour chaque parlant car

Aucun bavardage dans le monde, jamais : le langage est partout redoutablement actif.






Simultanément, sortent chez POL Au Dieu inconnu un CD avec entre autres le monologue de Laurence Mayor dans La Chair de l'homme où elle énumère toutes les définitions de Dieu à travers les auteurs les plus divers ...et un
magnifique DVD, La scène avec fac-similé des carnets de Novarina, enregistrement video par Valère et son fils de la pièce du même nom, enregistrée au Théâtre de la Colline en novembre 2003.

L'Espace Furieux est réédité à l'occasion de son entrée au répertoire de la Comédie Française le 21 janvier 2006, en alternance jusqu'en mai.

Enfin le Lavoir Moderne Parisien organise Les Nourritures Novariniennes , toute une série de mises en scène, lectures, expositions, avec des textes, et autour de Valère Novarina.
Buon Anno Nuovo Novarina.
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