Garde-manche 2 de Philippe Beck.

Les Parutions

20 avril
2004

Garde-manche 2 de Philippe Beck.

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On connaît la collection dirigée et présentée par Christophe MARCHAND-KISS (quel beau patronyme) mais c'est la première fois qu'il "s'attaque" à un contemporain dont la gloire est moins universelle : les trois autres parutions pour l'année sont Maïakovski, Pessoa et...Yoko Ono (!). Après avoir quelque peu patiné au début de la présentation de ce livre, (évoquant par exemple les constantes qui chez Philippe Beck se déplient, délivrées de leur raideur, dans le creux des girations ou des vicissitudes qu'on pourrait d'ailleurs appeler comme on veut...ordre des termes modifié mais on caricature à peine!), CMK dit des choses intéressantes sur les rapports que l'écriture de l'auteur entretient avec la lecture, sur les dangers de le citer et sur le maillage, sur la reprise de "Garde-manche hypocrite" (éd. Fourbis en 96). Il ne dit rien en revanche de l'humour de Beck, pourtant présent dès le titre, allusion (fréquente chez lui) à la "culture" populaire, aux jeux sérieux avec Mitchum et Mitchell et allons-y pour la citation en dépit de l'avertissement bien raisonné : L'oeuvre est la vie sous l'aspect du rire plié. / La vie est parallèlement rire plié/ sous l'aspect de l'oeuvre défaite.
Dès le 1, des ajouts ou des élisions d'articles, avec apparition de majuscules et qui semblent justifiés par un plus grand souci du rythme, amènent parfois des transformations plus signifiantes : celle qui se marie avec l'amant devient celle qui se lie avec Amateur ; ou l'ajout du mot Stop (p. 15 de la première version, p. 38 de la seconde) avant l'aphorisme final de la (dans lequel l'adjectif ajoute deux syllabes à l'alexandrin).
Beaucoup de synonymes ont été substitués aux anciens termes, rarement au bénéfice d'une actualisation comme lorsque La ville contrôlée devient ville gérée. Parfois, le nouveau vers semble moins bon que celui de la 1ère version :
et d'emprunter quelques hélicoptères informatiques est plus informatif mais moins musical que et d'utiliser oh quelques hélicoptères informatiques où le oh, bonne modernisation du ô conventionnel malheureusement éradiqué de la seconde version, précédait de peu son écho dans les hélicos.
Dans les passages en prose, (où Beck avait prouvé qu'on peut aussi aller à la ligne avant la fin de la phrase), les modifications sont généralement plus infimes, exemple Au cinéma même (p. 90) remplace Dans le cinéma lui-même (p.30).
C'est aussi bien, finalement, lorsqu'on ne comprend pas les intentions de l'auteur en correcteur, par exemple le remplacement de mais par or, l'ajout d'une virgule et le remplacement du tiret par un rejet (p. 19 et p.50)!
Il y a un souci d'allègement, de resserrement qui ne va pas forcément dans le sens d'une diminution de l'opacité même si Beck est un classique, il suffit de comparer pour s'en convaincre le magnifique poème 8 (p. 55) devenu bien plus insaisissable à la p.172 de GMH 2.
Les poètes intéressés par le métier en général et celui de Beck en particulier, liront avec grand profit les deux versions ; quant aux lecteurs qui ne peuvent plus disposer de la première version, ils sont à plaindre.
Le commentaire de sitaudis.fr éd. textuel (L'œil du poète)
186 p.
17 €
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