Casper André Lugg-Les BIOTOPES-MARIE par René Noël
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Dés vers
La modernité, quelle que soit l'époque manifeste de ses actualités, consiste à se tenir en amont de toute formation des expressions, de leurs figures, de leurs visages respectifs et de leurs proximités. parmi premier mot, premières syllabes du premier poème de ce livre à la couverture verte, situe le toi-t du poème. Les italiques et l'écriture droite des poèmes de Casper André Lugg sont d'essence dialogique, dés et dès, humus et vers, respirations et souffles intercalés dans les jeux de la lumière née de l'obscur antérieur à toute adresse,
biotope est l'intuition la voix
du défenseur meurtri
dans la forêt il y a
ma plus petite condition
le ciel caresse les pensées
comme un ventre clair et velu
j'ai remplacé mon prochain
mon proche humain
pour une prière végétative. (p. 10)
le je au bord de sa disparition, et la forêt, espaces qui se succèdent (p. 9), s'initient à la lumière, aux émergences du deux, pré sente au monde, livrées du vent créateur des rythmes fertiles d'une unité en devenir.
Au milieu de la vie de Dante qui marque l'entrée dans l'obscur de la forêt, pas d'histoire qui se répète, (p. 14), au bois du poème Enfance III d'Arthur Rimbaud, au Galaté au bois d'Andrea Zanzotto, succède une terre désolée, plantée de bouleaux en terres siliceuses, créatrice à leurs côtés, de la vie d'amont, la prière à l'arc-en-ciel au sein des
jeunes bouleaux épars
contre l'épaisseur conifère
comme ils se détachent
et l'écartement vert
à vif à nu
les branches couvertes de givre
comme elles brillent sans éclat
dans la lumière granuleuse
le regard
s'en va plus loin que moi (p. 13)
une topographie, une radioscopie, une densité et une profondeur au plus près des micrologies,
luire noire goutte huile
la torsion des mains feuille goutte
dans le poreux du monde
comme dans un cours d'eau
les miroitements dissipent la pensée
arbre visage écorce visage (p. 25)
des échanges de vue des matières, des biotopes, carbones et silices, tout commencement propice à une création de l'instant, de ses formes, de ses reliefs, de ses incidences et de ses densités en amont de tout début et filiations, moment d'une juste naissance, là où le clinamen, à la croisée du chaos, du hasard, des formes, agit, être soi-même l'invisible frontière (p. 45), cercle et sphère, à cheval sur le formes finies et infinies, les dedans et les dehors
les mots apportent poids et lumière
entre les conifères
parmi les plantes flottement vert
mycélien dans le manque chant dans la distance (p. 18)
accents et viatiques des lettres, langes de langages luges et liges, neufs, à l'image du soleil chaque jour nouveau.