Le Havre par Tristan Blumel

Les Poèmes et Fictions, poésie contemporaine

Le Havre par Tristan Blumel

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Lieu de l’estuaire, fondée puis détruite, juste condition du naufrage, puis reconstruite, et de son île nouvelle, non tu n’y as jamais été, andouille.

Autant vent que porte vers, dormir, mais en y rêvant, en quel endroit planter nos élans, couler les sources de nos restanques, farfouiller les origines ou les concrétions, fables ou fantaisies voilà, c’est là, département 76.

Un jour de nuit, tu essayes de t’y rendre sans rémission, avec le goût du définitif aux chaussettes, le Havre est une ville dans le nord de la France, fictif équilibre des définitions, prendre la paix au pied de la lettre, comme on piège une tempête à la télévision.

Tu voudrais demeurer derrière tes yeux pour observer et comprendre, la guerre qui se joue aux côtes contre le possible, dans l’étrangeté soufflée ou l’évidence sentie, croire détenir une solution fiable, quand il n’y a que sa facture de baudruche.

Le havre est une ville dans le nord de la France, avec trois ânes et deux lingots on pourrait bâtir un empire de grelots, avant que la fortune ne saccage ce paradis made in éden, que la désolation ne verse son océan, tu sombres pour ne plus y lire de signes, aux figures du dessus des cartes, s’oppose la transparence du plancton.

L’abandon est séduisant, il a le parfum de la sagesse, les corporations mentales détiennent déjà la majeure partie des fonds, cette situation pue si bon, une grande foire ambulante, qu’on y achète son échec, mais sans abîme à suivre tu te retrouves bientôt fanfreluche pendu au hochet.

Lucide en quel nom et pour quelles causes, de quoi est-on en manque, pourquoi n’est-ce pas si grave, de cette mesure du salut comme estime dilaté, tu fuis nyctalope, pour en finir avec l’attente et la crainte d’y rester.

Comme et comme, et même avant il y avait, des peintres de temples à la Toussaint et des bistrots de paillardises, pour le clin fumeux plutôt que la grande structure, pour la vache qui beugle au fromage de la comparaison, se suis dit qu’en l’état nous n’avions rien à exiger, et que par-là libre de tout penser, allâmes, prairies et crevaisons.

Le commentaire de sitaudis.fr

Extrait de " Avant Musique " (à paraître).