Deux poids deux mesures par Éric Darsan

Les Poèmes et Fictions, poésie contemporaine

Deux poids deux mesures par Éric Darsan

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j'en avais fini avec ça je voulais plus jouer les gros bras les gros durs les bras droits les petites têtes je voulais plutôt être comme ce type à qui on la fait pas qu'en aurait abattu fait du boulot du petit bois écrit là-dessus entre deux tafs alors pour les faire taire les petites voix en moi qui voulaient encore jouer gros je les ai vendues les haltères les petits poids dans les grands passé une annonce attendu pas longtemps un type genre le moi d'avant a vite répondu les voulait pour ce soir pour hier pour demain il passerait c'est sûr

 

alors j'ai attendu rêvé encore d'un autre moi/bois/bras levé tôt à poucer jouer les hobos puis attendu en vain le type à vingt toujours pas venu attendu rappelé laissé un message toujours rien attendu rappelé oui je viens un rendez-vous raté oublié vingt heures vingt vient vint pas venu attendu le lendemain idem moi pas indemne déjà changé mais comment avec ces haltères sur les bras dans les pattes les pieds comme un boulet pas moyen de m'en débarrasser moi qui me croyais veinard peinard alter désormais un peu véner trimard tricard pas chez moi déjà sur le départ mais pas moyen à ce train là entre deux chaises à attendre comme

 

dans une gare fallait bien m'occuper une dernière fois allez comme une cigarette une dernière nuit au plumard avant de voir le jour se lever comme le premier et le dernier et le couperet tomber que tout soit consommé et moi qui me ferais la malle ou comme disent les histoires qu'on se raconte le soir un baluchon sans poids ni loi pour me retenir partir battre le fer le dur le vrai courir après les trains qu'on a ratés en rêve jouer au black jack au kid au vaurien sur la route sur le ring mais la roue tourne le temps passe il y a comme une erreur d'aiguillage et je reste là les mots les bras croisés allez une petite portée une autre histoire je prépare les mots mieux vaut prévenir que guérir je lui dis tu vas voir de quel bois je me chauffe/je suis fait/me suis fait les bras le corps

 

dans le miroir (entre parenthèses) c'est toujours le mien lui toujours pas là et moi qui suis là à (me) répéter ça encore alors le taire (me) le faire vous savez qu(o)i on me la fait pas [crochet] du droit du gauche pas de côté première à droite pas facile de passer à côté c'est tout droit chez moi et puis je me laisse emporter pour de vrai cette fois je largue le poids des poids à travers le carreau qui atterrissent deux étages plus bas sur le type que j'attendais pa-/plu-s qui passe reçoit le tout ne l'évite pas passe quinte flush sur la chaussée et trépasse et reste comme je l'ai dit plus haut comme si je pouvais savoir qu'il était manchot/ne pouvait pas sonner que c'était pas pour lui/que c'était pour un cadeau/qu'il fallait lui porter qu'il était muet/pouvait pas parler pour ce que j'en savais tu me diras ça que ça ne changera rien quand je serai au violon à la Santé Frenes ou Fleury comme je suis à Sing Sing derrière les barreaux à faire des poids entre deux mesures de banjo