TéLéGRaMMe par Jean-Marc Baillieu

Les Incitations

11 nov.
2025

TéLéGRaMMe par Jean-Marc Baillieu

 

 

Après avoir animé et publié un ensemble oxygénant de Cahiers juxtaposant créations et réflexion pour les Laboratoires d’Aubervilliers, Pascal Poyet (1970) nous régale d’un intense livre de format 11,5 x 16,5 cm bellement manufacturé (Matthieu Provansal aux manettes éditoriales de Journaud, collection Le lierre) intitulé La Demande de oui, qui est aussi le titre du texte central, 27 pages, version circonstancielle d’un texte déjà proposé ici et là, orale exposition (au sens de « traduction parlée ») entre autres, digression qui s’attarde à la traduction intelligente d’un sonnet de William Shakespeare qui retient l’attention de P.P. depuis une dizaine d’années. Avant, en 20 pages il s’agit de revoir, relire « le dialogue de la scène centrale de l’épilogue du film de Howard Hawks, Rio Bravo (1959) », et après, c’est à un Supplément à l’expansion d’un prénom que nous convie P.P., 11 pages pertinentes à partir d’un extrait du film My Darling Clementine (1946) de John Ford. Voilà donc trois échos du travail, des travaux de Pascal Poyet, qui, réunis, mettent en perspective cavalière le trajet du poète à nos yeux le plus convaincant de sa génération. (56 pages, 10 euros, chez Bellevue - avenue de la Piscine – 12330 Marcillac)

 

Concernant la traduction de poésie, nous prêchons ou militons depuis des lustres pour des éditions bilingues qui permettent au lectorat d’apprécier au-delà du seul sens, l’aspect graphique sur la page (le signe) et aussi l’aspect sonore, les sons du poème original (d’où la nécessité d’adjoindre aussi une translittération phonétique pour tout ce qui n’est pas en alphabet latin : arabe, chinois, cyrillique, grec,…). Souvent, les maisons d’édition ne proposent que la traduction seule, ce qui, en matière de poésie particulièrement, est une hérésie (réduire un poème à son sens est un non-sens). Aussi nous paraît-il important de signaler le catalogue bilingue cultivé depuis des lustres par Emmanuel Malherbet, éditeur artisanal d’une qualité exemplaire à l’enseigne d’Alidades qui a récemment publié La fille aux écouteurs (Das Mädchen mit dem Kopfhörer) de Daniela Danz (1976) ici traduite (pour la première fois en français alors qu’elle l’est déjà de par le monde) de façon rigoureuse et élégante par Roland Crastres de Paulet et Axel Wiegandt. On y découvre un

cheminement réflexivo-poétique lucidement posé, vif car sous différents angles (17 poèmes) et en prise non sectaire, non dogmatique autour de« l’insécurité écologique ». (62 pages, 7 euros chez Alidades - 39 avenue de Concise - 74200 Thonon-les-Bains)

 

La collection « Ma nuit au musée » chez Stock invite un(e) écrivain(e) à passer et à relater une nuit passée dans un musée, quasiment en solitaire, situation propice à créer de l’imprévu susceptible d’être rapporté. La collection (dirigée par Alina Gurdiel) compte deux douzaines de titres, inégaux, signés par le dessus du panier littéraire contemporain, alors signaler, publié en octobre, Venir d’une mer par Belinda Canone (1958) qui résout avec subtilité, talent et non sans humour (par exemple épisode avec Rudy Ricciotti, architecte du MUCEM où B.C. passe sa nuit) l’équation de ce livre de commande, une mise en miroir réussie et un bonheur de lecture (199 pages, 19,50 €).