Le Centre de gravité de Marc Alyn par Christophe Stolowicki

Les Parutions

16 déc.
2017

Le Centre de gravité de Marc Alyn par Christophe Stolowicki

  • Partager sur Facebook

 

À contre-courant de l’entre-deux siècles, dans un cloître enchâssant l’aubépine et le scorpion ; désuet magnifique en ses suaires élégiaques ; de devises contemporaines renouvelant l’art du blason pour que se reconnaissent dans la mêlée les Cavaliers de l’Apocalypse ; à l’improviste provisionnant le regard de Dürer, de Picasso, de Balthus ; pyramidal tout en camées, une insolence de solitaire la Parque au doigt ; Commandeur épinglant d’un éclair « Don Juan : le Sisyphe du sexe des Danaïdes » ; hérissé d’épigrammes comme de tessons d’être, « styliste » au stylet oscillo-battant, de son tranchant d’agnostique chrétien (« Qui suis-je, d’où viens-je, ou vais-je ? Qu’en sais-je ? Qu’y puis-je ? ») sculptant tant l’aubier que l’écorce ; politiquement pète-sec, fabuleusement incorrect ; définitif plein biais à reculons, à godets ourlant le temps (« La plupart des questions sont insolubles jusqu’à ce qu’on les ignore ») ; se rinçant la bouche avec Dieu au long cours de charnelles théophanies ; « vécu  par la vie, retourné par le temps » comme un gant de syntaxe encore frais ; la raillerie métaphysique, de tierce en quarte se fendant d’une quinte de Tout ; lisse de trépidations une alcyonienne « mer des sarcasmes » ; funambule à la ligne de séparation des ô, se payant de mots au taux de l’usure, en déflation du verbe, en économe du temps retrouvé ; diamantaire à la dent dure pulvérisant toute scorie ; allègrement passéiste, de férocité alerte à fervents ferments rivant le clou de girofle dans la marmite du ciel ; de concision cisaillant la chair de langue en suivant bien les articulations ; timbré de l’en deçà ; prodigue de son laconisme ; lapidaire imprécateur en prière d’insérer, desserrer ; en décalage de siècles un « mon brave » surnageant dans le bouillon « mystique, mi-raison » ; pamphlétaire du substantiel, du néant, condensant Bossuet ; « la passion de séduire corrigée par la volupté de déplaire », moins toutefois que Baudelaire, Marc Alyn – portant le pléonasme à incandescence, de haute culture rhétorique délié de grêler dru, file en aphorismes le temps d’un surjet la métaphore apache, l’ouvrière, la théâtreuse, la couturière et se replie sur Dieu .

 
 

 

Retour à la liste des Parutions de sitaudis