Le jeu et l'ennui, dessins de Dominique le Tricoteur par Christophe Stolowicki

Les Parutions

20 juin
2019

Le jeu et l'ennui, dessins de Dominique le Tricoteur par Christophe Stolowicki

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Des éraflures de jarretelle sur une cuisse de pierrot lunaire comme aux  hanches de son amour. L’aimée dans sa nacelle, en balançoire, en balancelle, en bal, en celle qu’il aime de toujours. L’offrande d’un papillon à un nœud papillon tandis que frondaisons comme nuages s’amoncellent au ciel du délit. Feuillus dodus et plumetis découvrent la grille d’un palais des mille & un ramages, s’amasse la tempête que conjure un cerf-volant, insert volant dans la forêt des signes. De Dominique le Tricoteur, le couturé, le balafré, le lisse au visage de pierre de lune qu’emporte un fort vent solaire – en quatorze apologues paraboliques comme l’antenne d’une moustache de chat, en quatorze scènes ou saynètes une vie d’un trait sûr d’épure crayonnée à vie.

 

Ou, de l’enfer d’enfance au ciel de marelle, comment un grand artiste s’est restauré.

 

Au gibet d’enfance, aux fourches caudines, les alignements verticaux, bientôt bruissants. Naine, son amour nu aux cothurnes près, sur sa balançoire improvisée avec un hamac, se suspend à des squelettes ligneux, se profile dans le lointain une ligne d’arbres. La vie s’anime et deux personnages s’y dessinent, perdus dans la forêt des signes et des entrelacs, parmi les mouvantes cimes que décime le lâcher d’un trait de crayon. En quatorze dessins d’une vie d’échelle et de toboggan à pointe d’arrêt.

 

Le rêve narré là, de petit chose noir au poing, flanqué d’une ombre de parent.

 

La forêt de caducs s’est épurée et petit chose à son haut d’échelle donnant sur toboggan, celui récurrent à pointe de réception anale, est surveillé de loin par le fantôme entre deux arbres glissant sa face plate tandis que cerf vole et que poisson vagit.

 

Deux enfants ont grandi là, un pierrot lunaire et sa pierre angulaire, ongulée.

 

Sous le pavillon capuchon, la toile de tente sur pilotis – le triplé de cacatoès, un que son amour chevauche, l’emphatique greffier à retours de scorpion, la pure volaille. Lui fusée en camisole de niaiserie prend son envol qu’un toupet hérisse, qu’une pointe sèche plombe. Un pavillon d’échasses enchâsse d’emphatiques volatiles, parmi eux un prédateur en entrelacs dont la queue rebique. En regard l’échelle dessert un masque à pattes de tourteau dont plus ne se dévale le toboggan costumé en linceul où l’un, seul comme il a toujours été seul, s’étire.

 

D’un érotisme élémentaire, complémentaire, complies en terre et matines, arborescences que mâtinent des personnages récurrents dans la forêt des signes. Il tend un ballon comme une bouteille à l’amer, comme une bouée dont quelques répliques sismiques, florales, esquissent la dérision de points d’exclamation inverses. La jungle qui s’y démonte et s’y dessine n’est pas sans entretenir quelques secrètes correspondances avec celle d’Henry Rousseau que dédouane un siècle à l’octroi.

 

Le pierrot et son idole y portent camisole de chair nue et couturée.

 

Dans un hamac à plusieurs couches d’ombre se balancelle une pucelle, une plus celle que toujours il aimera.

 

Des mitres cardinales à présent vues de dos conspirent à cette fête de la verticalité. Je m’immerge dans ce qui détricote ma cote d’émail.               

 

Olivier Jacquemond : « C’est à hauteur d’enfant qu’il [O.]écrit, en contre-plongée […]par stratégie de surexposition. » Ou : « le monde […]une nappe posée sur le nu du ciel ». Ou : « Sa psychose, c’est l’ennui. » Dont seul le délivre « l’hystérie […] révolte contre la solitude et le silence déraisonnable du monde. » Les images de Dominique le Tricoteur éminemment post-thérapeutiques.

 

 

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