Onze tableaux sauvés du Zoo d'Olivier Domerg par Jean-Marc Baillieu

Les Parutions

05 avril
2018

Onze tableaux sauvés du Zoo d'Olivier Domerg par Jean-Marc Baillieu

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Vient de paraître sous le titre d’Onze tableaux sauvés du zoo le « deuxième volet » d’un triptyque consacré par Olivier Domerg à la montagne Sainte-Victoire, popularisée par Paul Cézanne et ici « réenvisagée du point de vue de l’écriture dans une reconsidération générale du motif et de sa perception ». Le premier volet de son étude, La Sainte-Victoire de trois-quarts, a été publié l’an passé par La Lettre Volée et le troisième, Le temps fait rage, avait paru dès 2015 aux éditions Le Bleu du ciel. Est une réussite cette trilogie qui porte le titre générique de [La condition du même]. Pourquoi est-ce un maître-ouvrage d’Olivier Domerg déjà reconnu pour avoir su écrire « sur ou dans le paysage » ? Peut-être, parce qu’au-delà d’un exercice circonstanciel (New-York, Manse, le Rhône), il s’est cette fois confronté à une « forme faisant office de signe, faisant signe, érigée ainsi en bout de ligne, dans l’axe de Caronte et du regard » qui lui était familière, car Olivier Domerg, qui vit à Martigues, depuis des années a la Sainte-Victoire (vue de plus près quand il étudiait à Aix-en-Provence) dans son champ visuel, dans un lointain (depuis l’étang de Berre) que rend la photographie de couverture d’Onze tableaux… signée Brigitte Palaggi, son habituelle complice. Depuis près d’une douzaine d’années, O. Domerg a approfondi son regard visant à en rendre compte par l’écriture, et ce en créant des séquences concises de formes différentes propres à mettre en perspective la montagne. Le temps fait rage présentait sur 150 pages neuf chants-séquences, uniment blocs de prose à 14 lignes par page marqués par la présence d’autres poètes (J-M Gleize, D. Meens, B. Noël, P. Handke…) et du fameux peintre (référence à des ouvrages le concernant) : le poète reconnaissait ainsi que son sujet et son mode d’approche avaient une histoire. La Sainte-Victoire vue de trois-quarts proposait deux parties composées chacune de quatre séquences de formes différentes et multipliant pertinemment les points de vue dans le paysage où se déplaçait physiquement et à dessein le poète (cf. « moyens techniques » et « points de repères » listés en fin d’ouvrage). Fond et forme restent variés et tenus dans ce « deuxième volet » via onze « tableaux » (des gros-plans si l’on veut) après un prologue où « ça caille et ça schlingue ». Assurément Olivier Domerg maîtrise le tempo du projet et les tempi à l’œuvre dans chacun des trois volets qui ont leur « identité et poétique propre » pour contribuer à l’ensemble, pour créer une trilogie spatio-temporelle subtile et aérée qui ne rate pas sa cible, où chaque volume prend part pour nous livrer effectivement de façon brillante et saisissante une Sainte-Victoire « revue et corrigée ». Chapeau l’artiste !

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