On joue tout seul. par Alain Hélissen

Les Poèmes et Fictions, poésie contemporaine

On joue tout seul. par Alain Hélissen

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On joue la nuit
dans un théâtre d'ombres
toujours ce long convoi
dont on épingle au passage
quelques marchandises achalandées sur papier blanc
format A4
comme l'autoroute
un peu plus loin

D'autres déplacements

On pense au pronostic vital
engagé sur la voie d'arrêt d'urgence
- au bout de vingt minutes, plus à se préoccuper du prochain péage
-
On ramène quelques mots dans la nasse
On les range sur la ligne
avec assez d'espace entre
pour que le vent s'y infiltre
et les sèche
jusqu'à les faire craquer comme
des châtaignes oubliées
au fond du four

On joue tout seul
les prolongations
Des mots tardifs
sans suite annoncée
Des mots consignés
dans d'épais lexiques
Toute la langue rangée là
par ordre alphabétique
Plus qu'à l'accommoder
avec un peu de grammaire
sujet/verbe/complément
de quoi phraséifier
c'est ça
et pas
la tête
en bas !






On nettoie les images
d'un torchon imbibé
d'un peu d'alcool

On a le geste vif
de qui veut effacer
le fond de paysage

On invente des vers
tout frais extraits
du grand fumier terrestre
Sachant qu'à l'hameçon
on sera bien avant tous
les premiers à mordre

On joue sa vie
à qui perd gagne
façon Calamity
Jane ou Bony
soit qui mal y Clyde!

On n'a qu'sa peau
sur ses fagots
Et juste un peu d'avance
sur la dame à la faux
tout de noir encapée
sur son tas d'os!






On avance ses pions
en reculant sur soi
jusqu'au pied de la tour
histoire d'y voir
un peu plus clair
dans sa tanière

L'énigme est trop lointaine
et comment se fier encore
aux traces du chemin

L'histoire revient de loin
charrier chaque jour
des épreuves inédites

juste un p'tit bout pas
beaucoup pas de quoi
produire une série
vjuste un p'tit bout à
frou-frou
c'est tout
un point.