DIGITAL REMAINS, Rita Omaya par David Bonnand

Les Parutions

11 mai
2025

DIGITAL REMAINS, Rita Omaya par David Bonnand

DIGITAL REMAINS, Rita Omaya

 

C'est parce que « les morts réclament », qu'un « tu » (en italique et ligne suivante) apparaît.

 

. Ce sont des rituels que les morts réclament. Et ce sont les deux premiers vers du livre :

 

« les morts réclament des rituels

je dis tu »

 

. Le livre s'appelle Digital Remains et Rita Omaya l'a écrit.

 

. Il y a un téléphone dans une cabane en bois pour y prononcer des « mots noirs ». La cabane en bois est aménagée dans un théâtre. Un nocher répond à ces mots noirs « par un poème de ... ».

 

Entre je et tu il y a le mot nocher qui est le nom de qui conduit une embarcation, une barque.

 

. Dans ce livre : des poèmes adressés à …

 

. Une conversation implique un échange réciproque. Ici : « il n'y a pas forcément besoin de réponse », et en même temps on sait que « le message a bien été reçu » [p.19].

 

. remains = restes, vestiges.

 

. « je dis tu au bout du fil

 

et je fais de la place dans mes placards pour tes chaussures » [p.14]

 

prolonge « l'énigme » de la page 11 : « quel corps a passé là ».

 

. Ce livre que nous lisons, que nous sommes en train de lire est le lieu même d'une adresse, de l'adresse à « mon mort ». La cabane en bois peut bien être déplacée, « les fils de télécommunication (…) reliés à rien » [p.12], le poème est là, le livre est là et d'une certaine manière cette lecture « permet l'activation du mort ».

 

. Rita Omaya est un pseudonyme. Et on peut la lire dans les revues Chiche, niqui causse*, Mouche, Nux Vomica, Transat, MEMORI. Cette dernière revue est une publication de PRETA (maison d'édition basée à Séoul), éditeur ici de Digital Remains.

 

. C'est un monde parallèle où les morts font leurs vies, ici et ailleurs et sans nous. C'est « mon mort restait silencieuse » [p.27]. C'est tu « qui m'a lâché un vu » [p.28]. C'est le mot « mystique » qui est presque le dernier mot du livre. C'est la question de l'archive et de l'oubli à l'heure du numérique. C'est la page 20 :

 

« le téléphone transforme la voix en champs de radiofréquence

converti le mort en signal électrique

et le mort devient fantôme

et le fantôme devient poème

je te donne rendez-vous »

 

. « _ les données chiffrées entre les parties sont des unités de fréquences pour les tonalités de retour d'appel _ quand tu téléphones c'est le bip que tu entends avant que ton correspondant réponde _ quand ton interlocuteur raccroche tu as un autre type de bip _ aussi quand l'appel ne peut aboutir _ ou quand le réseau est saturé_ » (échange de sms avec R.O. 27/04/25)

 

. Digital Remains est composé de cinq parties et est le premier livre de Rita Omaya.

 

 

 

* « elles se rappellent / que la mémoire des unes / dépend de l'intégrité / du corps des autres » sont les derniers vers de la contribution de Rita Omaya au numéro 4 de la revue niqui causse.

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