DIGITAL REMAINS, Rita Omaya par David Bonnand
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C'est parce que « les morts réclament », qu'un « tu » (en italique et ligne suivante) apparaît.
. Ce sont des rituels que les morts réclament. Et ce sont les deux premiers vers du livre :
« les morts réclament des rituels
je dis tu »
. Le livre s'appelle Digital Remains et Rita Omaya l'a écrit.
. Il y a un téléphone dans une cabane en bois pour y prononcer des « mots noirs ». La cabane en bois est aménagée dans un théâtre. Un nocher répond à ces mots noirs « par un poème de ... ».
Entre je et tu il y a le mot nocher qui est le nom de qui conduit une embarcation, une barque.
. Dans ce livre : des poèmes adressés à …
. Une conversation implique un échange réciproque. Ici : « il n'y a pas forcément besoin de réponse », et en même temps on sait que « le message a bien été reçu » [p.19].
. remains = restes, vestiges.
. « je dis tu au bout du fil
et je fais de la place dans mes placards pour tes chaussures » [p.14]
prolonge « l'énigme » de la page 11 : « quel corps a passé là ».
. Ce livre que nous lisons, que nous sommes en train de lire est le lieu même d'une adresse, de l'adresse à « mon mort ». La cabane en bois peut bien être déplacée, « les fils de télécommunication (…) reliés à rien » [p.12], le poème est là, le livre est là et d'une certaine manière cette lecture « permet l'activation du mort ».
. Rita Omaya est un pseudonyme. Et on peut la lire dans les revues Chiche, niqui causse*, Mouche, Nux Vomica, Transat, MEMORI. Cette dernière revue est une publication de PRETA (maison d'édition basée à Séoul), éditeur ici de Digital Remains.
. C'est un monde parallèle où les morts font leurs vies, ici et ailleurs et sans nous. C'est « mon mort restait silencieuse » [p.27]. C'est tu « qui m'a lâché un vu » [p.28]. C'est le mot « mystique » qui est presque le dernier mot du livre. C'est la question de l'archive et de l'oubli à l'heure du numérique. C'est la page 20 :
« le téléphone transforme la voix en champs de radiofréquence
converti le mort en signal électrique
et le mort devient fantôme
et le fantôme devient poème
je te donne rendez-vous »
. « _ les données chiffrées entre les parties sont des unités de fréquences pour les tonalités de retour d'appel _ quand tu téléphones c'est le bip que tu entends avant que ton correspondant réponde _ quand ton interlocuteur raccroche tu as un autre type de bip _ aussi quand l'appel ne peut aboutir _ ou quand le réseau est saturé_ » (échange de sms avec R.O. 27/04/25)
. Digital Remains est composé de cinq parties et est le premier livre de Rita Omaya.
* « elles se rappellent / que la mémoire des unes / dépend de l'intégrité / du corps des autres » sont les derniers vers de la contribution de Rita Omaya au numéro 4 de la revue niqui causse.