OUBLIEUX CONVERTI de Claude Salomon par Jean-Marc Baillieu

Les Parutions

08 mars
2009

OUBLIEUX CONVERTI de Claude Salomon par Jean-Marc Baillieu

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Le discret et exigeant éditeur alidades publie dans un format qui lui convient Oublieux converti de Claude Salomon, né en 1939, longtemps plasticien (exposa à Bordeaux via Jean-François Dumont), adonné depuis une douzaine d'années à l'écriture, d'une part en traduisant John Donne (Chansons et sonnets, La serpente, 2005) et Properce (Elégies, à paraître), d'autre part en traçant un chemin poétique personnel dont le présent ouvrage est un reflet réussi. Il s'agit d'un chant, d'un long poème formé de 57 strophes ou séquences, chacune de quatre à dix laisses de une à quatre lignes (plus souvent deux ou trois) sous forme d'une autoanalyse teintée d'autodérision dans un style visant à la concision et à une mise en perspective permanente non dénuée d'autocritique, sans pathos ni sot apitoiement. C'est plutôt enlevé, relevé, épicé, non sans panache (nulle autre ponctuation en chaque laisse que quelques blancs en guise de sectionnement rythmique). Dans une sorte de commentaire auto-adressé sur sa vie passée et présente, le poète s'interpelle, se décrit, s'introspecte à la deuxième personne du singulier, depuis mammouth et permafrost... , sans cependant s'étendre au-delà de 32 pages, car « lion presque sans crocs ni griffes au fond de (son) zoo », il n'ignore pas qu' «un fauve participe de l'équilibre des espèces », ce pourquoi il penche « avec prudence pour une solution moyenne » tout en sachant que « Prendre son destin en mains suppose une solide passion pour le concret / et la vie domestique ». C'est personnel, attachant, non sans résonance avec ces auteurs du passé mêlant praxis, poésie et pensée/sagesse, mais le mode d'écriture, peut-être influencé par l'expérience d'un plasticien ancré dans le XXème siècle, n'est ni maniéré, ni branché, seulement juste et tout en finesse.
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