Vieux jeux. Nomme. par Aurélie Foglia
« Je peux voir jusqu’où les arbres ciment je me tiens là où la nuit va s’asseoir
je suis sol je vis sol
je regarde les mots comme des entiers naturels
je parle ma langue matérielle
Où sont quoi ?
Qu’en poésie au moins les roses rosent être des roses cette rose toute rose au moins : fleur-témoin
Je fus peut-être lutheur par le passé à présent j’annote mon piano le mieux partagé tant je me sens si instrument – les livres sont plus pauvres
Voilà lune lente lanterne aux dentelles des toits dispense aux dormeurs ses leçons d’indifférence profonde – le moindre réveil leur serait mortel – et Monsieur et Madame Goudeneige parfaits époux se sont endormis dans l’Espérance
Dire à Dieu dodo plutôt que Monsieur Seigneur où être vous ? où l’origine ? où les sources quand ? quand les oiseaux ?
J’interroge les volailles qui vaillamment prennent le raccourci du ciel à l’ombre des étoiles de vieilles vérités pendouillent – si molles mûres qu’elles éclatent ! finissent par éclater en jour ou lentement s’écaillent cuvent – quel vin piqué on en treille (il y a comme ça des années à fruits)
Je crois que je crois en l’au-delà de moi c’est assez loin déjà
Pour que je me répande petit on m’a troué d’une bouche dramatique on m’a donné des trop-pleins d’aspirations
J’ai la chair en sang ma chemise est rouge de bruit
Pas de temps pas de tendresse c’est le monde en hiver il l’est presque toujours – pourtant je me chauffe aux autres dans l’idéal
Quand je ne bouge pas moi je m’engourdis oui Saints de glace ! tel est le risque que je cours quand mon nom neige sur moi me recouvre jusqu’au prénom c’est perdu impossible d’échapper au piège de papier
J’ai beau tirer mon corps à moi sous mes dehors je finirai plus froid qu’un mot sans monde Oh Je suis fatigué j’ai soulevé trop d’idées je tombe de soleil mourir me fera du bien
Écoute Quiconque je suis d’or et silence divinoïde depuis qu’on m’a in-
oculé deux yeux (dites mes meurtrières) des choses effarouchées sortent de leurs noms se fondre en nuit revenez
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