Je suis ce que je vois, d’Alexandre Hollan par Christophe Stolowicki

Les Parutions

08 nov.
2021

Je suis ce que je vois, d’Alexandre Hollan par Christophe Stolowicki

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Je suis ce que je vois, d’Alexandre Hollan

 

Je suis ce que je vois est le titre qu’on aime recevoir d’un peintre livrant ici quarante-cinq ans (1975 – 2020) de « Notes et réflexions sur la peinture et le dessin ». Comme Miro, comme Matisse surtout, ne s’exprimant qu’en peintre, penseur manuel, penseur artisan, en se gardant des développements poétiques de tant de contemporains qui n’ont pas su choisir. Nous introduisant dans les arcanes paradoxaux de son art, illustrés de ses peintures et dessins, voire croquis.

 

On a ici une phénoménologie de la perception, avec tout ce qui manquait à Merleau-Ponty : d’être un artiste, sur le motif.

 

Natures mortes, d’un plus mort que vif à étreindre leurs couleurs dans leur intensité, celle des tons de terre cuite qu’il a élus.

 

« Le regard global devant les couleurs : laisser flotter et surprendre » – l’attention flottante chère à Freud.

 

« La forme est un drame ».  Penser à la main un combat. La lumière souffre dans la couleur (Goethe, cité par Hollan). En deçà toutefois du Confiteor de l’artiste L’étude du beau est un duel où l’artiste crie de frayeur avant d’être vaincu.

 

Vieil olivier du Bosc, soirs d’été, 1990. Pour voir le mouvement de l’arbre sur les fusains, celui de sa quatrième dimension, il faut un temps d’accommodation, à l’instar de celui du peintre pour s’imprégner.

 

Spirales, tourbillons, tout l’animé, tout l’animal du végétal, qui outrepasse son nom. Dans les lavis d’arbres foudroyés, le noir & blanc a l’intensité des couleurs les plus vives, le murmure des arbres repéré par les éthologues est un cri. Non une phénoménologie – une dramaturgie de la perception.

 

Peintures d’une sauvagerie pensée rigoureuse – cet art de peindre est une éthique.

 

« Chute dans les vagues, dans les courants tumultueux du feuillage et des branches […] saisir les courants rapides, ralentir dans les virages, ne pas quitter la forme […] naviguer sans arrêt […] cette stratégie éveillée, audacieuse, peut conduire jusqu’au calme de la plénitude formelle. » À la sérénité crispée de Char.

 

Il ne se déplace pas sur le motif. La nature est son atelier naturel.

 

Homme, ce qu’aucun animal ne fera jamais. Peintre, ce qu’aucun photographe. Hollan restitue toute sa primauté à la peinture.

 

La très belle reproduction de couverture, aux deux couleurs de son orient et de sa chlorophylle, dans l’enchevêtrement violent de ses branches happé à coups de sabre, dit l’arbre à la croisée des vertus que recommande Hollan dans son aphoristique art de peindre. L’art d’écrire au panier.

 

 

 

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