Microfilms de Julien d'Abrigeon par Nathalie Quintane

Les Parutions

09 janv.
2012

Microfilms de Julien d'Abrigeon par Nathalie Quintane

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Deux opus de littérature trash (appelons là comme ça pour le moment) collent à la mémoire 2011 : Tout public, déjà recensé ICI par Eric Houser, et Microfilms. Le bas de gamme volontariste des deux entraîne, il me semble, sinon une sous-estimation critique, du moins une difficulté, ou un défaut, d'ajustement. La langue et les références relâchées (en surenchère dans les deux livres) induisent, au moins en France, un relâchement critique, un classement automatique dans le ludique, le sympa, le rigolo, etc, et/ou un appel à quelque catégorie sérieuse (le burlesque, l'absurde) ou à quelque auteur grave (Tout public rédimé par la passion d'Antoine Boute pour Guyotat), peut-être dans l'idée de justifier aux yeux de l'amateur de poésie et de littérature expérimentales la recension de textes qui sont, au fond, parmi les premiers à fabriquer un discount poétique.
La surprise, à les lire, devrait être similaire à (quelque chose comme) celle qu'ont dû éprouver les lecteurs de "Spleen" de Jules Laforgue, paru en 1880, avec son Bah! Couchons-nous. Eric Houser a bien noté l'enthousiasme qui porte Tout public. Il y a, dans les deux livres, une bonne humeur décérébrée qui ne doit (enfin ?) plus rien à Beckett, par exemple. Ce sont des méta-récits complètement irresponsables de ce qu'ils racontent, tenus juste par l'excitation (plus que par le plaisir ou la jouissance, je crois), cette excitation qu'on avait à l'école quand on racontait le film de la veille à la télé. Mais c'est à peu près autant "pour les enfants" que les BD de Pierre la Police ou les films d'Harmony Korine - les deux références, extra-littéraires, auxquelles on pense le plus à la lecture de Microfilms et de Tout public.
Cela dit, Microfilms est sans doute encore plus "désolant" que Tout public : il y a, dans le livre de Boute, au-delà de toutes ces mentions (mentions uniquement) de sévices sexuels, de réfugiés dans des caves sur terre, de "l'histoire des quatre décédés/ de l'Albanais et des trois enfants/ dont deux étaient des filles d'une ex-prostituée/ cambodgienne", une réflexion sur ce que devient un récit faisant l'économie de l'écriture (au sens du tout-venant de la littérature qui se vend autant qu'au sens "études littéraires") qui devrait accrocher les amateurs - ouverts, toutefois. Chez Julien d'Abrigeon, il n'y a même pas ça (je l'entends comme une qualité supplémentaire, évidemment). Plus on en lit, plus on trouve ça facile, plus on est fasciné.

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