Allègement de Hubert Lucot par Stéphanie Eligert

Les Parutions

10 juil.
2009

Allègement de Hubert Lucot par Stéphanie Eligert

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Le récent et bel Allégement de Hubert Lucot relance avec force une question trop négligée (et même raillée par les avant-gardes successives - on y reviendra) : celle de la place de la sensation dans la théorie du texte. Allégement donne l'occasion d'y réfléchir, mais tous les livres de Lucot pourraient le faire. Voici par exemple ce qu'il dit de son impulsion permanente à écrire ; « J'ai besoin d'exister, j'ai besoin de continuer à faire exister ce qui me faisait exister, à savoir l'impression que j'ai eue il y a deux minutes et que je cherche à conserver ».

Il y aurait beaucoup à dire sur cette phrase. La plus importante, c'est que Lucot est un sensualiste radical, assez proche en cela du dernier Guyotat (Coma et Formation), mais qui, à la différence de celui-ci, ne veut pas décrire, déposer ses « impressions » dans une « langue normative » (cf. la relation quelquefois schizoïde, ou mal assumée, de Guyotat à la langue courante) ; au contraire, Lucot cherche une langue à la mesure précise de ses sensations et pour cela, invente une syntaxe expérimentale, rejouée à chaque livre et qu'il appelle le « graphe ».

Qu'est-ce que le « graphe » ? Ce qui suit va essayer de le cerner, mais comme il s'agit d'une forme complexe (à tous les niveaux : sonore, perceptif, politique), il fera l'objet de trois textes séparés. Le premier (Allègement I : graphe ) porte sur le fonctionnement matériel, sensible du « graphe » ; et partant de ceci, le second texte analysera la forme de l'impact causé par l'accident d'A.M., grand amour de Lucot et « héroïne » de tous ses romans. Et dans le dernier texte, enfin, il s'agira de comprendre comment la saisie de la sensation forme l'outil politique par excellence, ceci en s'appuyant sur cet autre « coup dur » reçu par le narrateur : l'arrivée, « programmée par les Français », de « N. Sferatu » au pouvoir ...
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