LE BIEN ET LE MAL par Claude Minière

Les Incitations

06 déc.
2022

LE BIEN ET LE MAL par Claude Minière

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L’écriture la plus subversive est-elle celle du Mal ?  Certains contemporains conçoivent encore, à la manière des antiques manichéens, et ignorant Augustin, n’ayant lu que superficiellement L’expérience de Bataille, Bien et Mal comme des entités abstraites.  Or, selon l’auteur des Confessions, « le cœur de l’homme est le vrai temple du dieu », et le seul mal est de se laisser séparer de Dieu, qui est Amour.

La littérature n’est jamais dans le Bien social, parce qu’elle est littérature.  Pas la peine d’en rajouter côté Mal !  C’est inutile, et trompeur.  Le réel normatif, institué, ne suffit pas à qui écrit et lit.  Fondamentalement.  A chaque fois.  Quand elle cherche à dessiner ou chanter le monde, de diverses manières, la littérature n’est jamais dans le Bien, ou au service du Bien mais dans un combat avec le Mal. Qui recherche la clarté, l’exactitude, court au-dessus des abîmes, traverse la nuit et la perte d’amour.  Il serait alors trop facile de noircir le tableau.  Toute écriture apparemment du Bien dit en creux le Mal, toutes expressions du Bien laissent entendre le silence vibratoire du Mal vaincu pied à pied (« Je ne conte que mes victoires » commentait Nietzsche).  Si je vise le Bien, je traverse le Mal, le dépasse en moi.