4 Pastels, 4 Sonnets de Candelara, Riera et Xenakis par Carole Darricarrère

Les Parutions

15 juin
2020

4 Pastels, 4 Sonnets de Candelara, Riera et Xenakis par Carole Darricarrère

  • Partager sur Facebook
4 Pastels, 4 Sonnets de Candelara, Riera et Xenakis

« Ce narthex au shibalba tu le tries de peau / que du sheela na gig la panoplie de plis »

Il est des poèmes qui ne s’atteignent jamais qu’à dos de bruches, carabes, lucanes, tel le royaume alchimique de la patronne des fleurs ; dont le sens mystérieux ne s’apprivoise qu’au terme de longues dérives, ne se dé-scelle qu’à main levée, les yeux clos, à la faveur d’un sommeil ininterrompu, se colline pieds nus sur les arêtes de brisants cailloux, s’évade à chaque lecture pour mieux se reformer, ailleurs, dans un temps délité au sommet des heures, en songe, dans une langue sorcière qui ne confesse jamais tout à fait son dur secret qu’aux dieux.

Des fleurs, une fleur, mais laquelle, quelle fleur courtisane, corolle pileuse, rafflesia, mollusque, portant de ciel, écoutille, vaisseau, trou noir, ortie de mer, méduse, palais de décongélation, nef de résurrection, tour d’ivoire, star gate, rampe d’amerrissage destinée dans un monde parallèle à quelque soucoupe silencieuse, et dont la tige s’orienterait selon l’axe de la lune et des constellations réunies, surgie de quelque immensité minérale à discrétion et deux pistils, chacun d’une tonalité concordante, à hauteur d’un sens qui se déroberait à une ou toute direction, mais laquelle, s’agissant tour à tour d’un vortex, d’un plexus, d’un rhizome, d’un détail de « L’Origine du monde », de quelque séquence ARN à hélices arachnéennes, d’un aérostat à ventouses ou tout aussi bien d’un diamant.

Quelle fleur mâle et femelle saline et tropiquante aux pouvoirs insoupçonnés offrant ses quatre profils au sonnet et son labyrinthe à la nuance, ou la tentation cannibale de quelque muqueuse,  anus de quel ara, excédent larvé magnétiquement offert à la langue, laquelle lui tendrait en retour son moignon sur un coussin ardent, ses galaxies ses chevelures, son con et sa couronne chauve.

« Qu’est ton désir sinon ta plaie ta plaie ta zone / décentrée d’organe mou hors de dedans »

De ces armées végétales, de ces boucliers de pétales, sombrent de fabuleux bestiaires d’âmes mortes, sourd le parfum faisandé de capiteuses bourses d’abeilles sauvages aux pollens florissants, autour une reine aveugle en son cratère vers laquelle roulent ulyssément pigments et offrandes, suint de cire et vagues de sperme, bandaisons d’élus et d’élytres, tout verse suc retourne et recommence au puits laiteux de la pupille moire en reptation de nid carrosse comme messe matrice entre le vide et le plein l’amont et l’aval.

Quatre poèmes à quatre mains serpentines inextricablement enlacées, une plaquette tirée à 150 exemplaires numérotés au crayon de couleur, rendez-vous donné dans le Grand-Œuvre Trismégiste de quatre pastels de pourpre cæruleum, annonçant au sommet de la montagne ce qu’est la Nature, depuis la grotte de quelque animal mythique, au fond de quel cratère gelé dessous la mer, un champ de lave en fleur les y attendait afin qu’une fois encore ait lieu hors de toute langue utile l’orgie du verbe, le festin de mots, les noces de l’ombre et de la lumière, du vice et de la vertu, du dard et de la passion, Constant Candelara et Frédéric Riera s’aimantant l’un l’autre autour de quatre propositions de l’artiste Mâkhi Xenakis dans une joute de papier glacé comme autour d’une louve tétant du Verbe le nectar « incontemporel » en contrepoint de l’horreur du Vide offert au centre à l’imagination, par-delà jouissance le purgatoire des morts, pour dernier royaume le Jugement.

« Ce grand plat de vulve que tu commences à voir / Qu’il meule un œil serrure à la colle sucrée / Floréal pot de Laocoon où l’âme saumûre »

Il y a moult façons ou deux de lire les énigmes de la beauté passante, la première est de les recevoir, la seconde de tenter de les déchiffrer, d’en disséquer la moelle : je choisis la première.

Retour à la liste des Parutions de sitaudis